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Le shérif gracié par Trump diffusait des vidéos de détenues aux toilettes

Temps de lecture : 2 min

Joe Arpaio, qui vient d'être gracié par le président américain, avait été inculpé pour ses pratiques discriminatoires à l'égard des latinos, mais la liste de ses méfaits est très longue.

Joe Arpaio lors d'un meeting de campagne de Donald Trump à Prescott Valley en Arizona le 4 octobre 2016. ROBYN BECK/AFP
Joe Arpaio lors d'un meeting de campagne de Donald Trump à Prescott Valley en Arizona le 4 octobre 2016. ROBYN BECK/AFP

Pendant vingt-quatre ans dans le comté de Maricopa en Arizona, le shérif Joe Arpaio opérait un système de profilage racial anti-latino: des milliers d'hispaniques étaient arrêtés, souvent détenus, simplement parce que le shérif et son équipe les soupçonnait d'être sans-papiers.

Ce harcèlement systématique basé sur l'apparence des résidents avait été épinglé par un juge fédéral en 2011, mais le shérif avait continué ces pratiques discriminatoires. C'est pour cela qu'il avait été condamné, et il était en attente de jugement avant d'être gracié par Trump.

Si la décision de Trump est particulièrement controversée, c'est parce qu'Arpaio a eu des problèmes avec la justice à plusieurs reprises. Dans son complexte carcéral intitulé «Tent City», qu'il a lui-même qualifié de «camp de concentration», les détenus étaient traités de façon inhumaine, avec des températures qui pouvaient atteindre 54 degrés l'été et -5 l'hiver. A plusieurs reprises, le comté a dû payer des millions de dollars en dommages et intérêts à des détenus brutalement maltraités dans sa prison. Le taux de suicides était particulièrement élevé.

Le shérif Arpaio, qui se décrivait comme «le shérif le plus dur d'Amérique», avait une tendance sadique prononcée: il avait fait installer un système de vidéosurveillance dans plusieurs endroits privés de la prison, dont certaines cellules et les toilettes des femmes. Les vidéos étaient ensuite diffusées en ligne sur le site Crime.com avec la description suivante: «Première web cam qui filme en direct l'intérieur d'une prison. Vous verrez peut-être de la violence et des comportements sexuels indécents.»

Suite à un procès, la plupart de ces caméras avaient finalement été désactivées.

Arpaio, qui a très tôt apporté son soutien au candidat Donald Trump, a de nombreuses choses en commun avec le président, au-delà du discours anti-immimgrés. Ils détestent tous les deux les médias: en 2007, le sherif avait fait arrêter deux journalistes sous un faux prétexte. Les reporters, qui avaient écrit plusieurs papiers critiques du shérif, avaient fini par obtenir des millions de dollars en dommages et intérêts. Trump et Arpaio détestent aussi Barack Obama. En 2012, le shérif a utilisé l'argent de son comté pour envoyer un de ses députés enquêter à Hawaï, à la recherche du certificat de naissance d'Obama. Comme Trump, Arpaio était en effet persuadé que l'ancien président n'était pas né aux Etats-Unis.

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