France

La rentrée du travail

Temps de lecture : 5 min

Avant la rentrée littéraire et la rentrée des classes, c’est une autre rentrée qui a agité la twittosphère cette semaine: celle du travail. Des lois Macron à l’emploi de la première Dame en passant par la question des travailleurs détachés ou la nouvelle voie professionnelle de François Fillon, le travail est omniprésent! Fini les vacances.

Manifestation contre la loi travail du 9 avril 2016. Wikimedia Commons.
Manifestation contre la loi travail du 9 avril 2016. Wikimedia Commons.

Contenu Partenaire - Promesse de campagne du président Macron, y compris le modus operandi du passage par ordonnances, la loi Travail actuellement discutée par les partenaires sociaux en toute discrétion ne laisse pas Twitter indifférent. La Team Macron a beau souligner qu’«Hollande n’avait pas expliqué sa loi travail au moment des élections, nous nous avons été clairs sur ce que nous allons faire», les critiques vont bon train.

Face au Twitter officiel qui informe au jour le jour de l’avancée du projet, les opposants fourbissent leurs arguments. Mais côté syndical, la désunion règne. Si certains s’amusent de ces dissensions: «vous avez aimé la #CFDT pendant les négociations sur la loi El Khomri ? Vous allez adorer #FO sur la loi Travail», ce qui émerge c’est encore une fois un clivage profond entre les pro et les anti. La CFE/CGC s’interroge, «alors prêts à voir fondre vos éléments de rémunération pendant l’été? #cequivousattendàlarentrée cfecgc.org», tandis que le journaliste Edwy Plenel pointe la méthode des ordonnances qui montre à quel point selon lui «la démocratie sociale est bafouée, expédiée en moins de deux heures».

Il faut dire que le brouillard qui entoure les négociations à de quoi alimenter les suspicions. Pour certains Twittos, «#Macron interdit aux syndicats de communiquer sur la teneur des docs de négociations sur la #LoiTravail. Le peuple NE DOIT PAS SAVOIR». D’autres s’inquiètent, à la lecture des quelques bribes qui fuitent sur le contenu de cette loi, qu’elle accentue encore la direction prise sous Hollande. «Dans cette nouvelle #LoiTravail #Macron rajoute des éléments qui avaient été retirés de la #loiElKhomri».

Si le front Macron tient bon, on assiste à une reconfiguration de l’opposition. Comme le note Michèle, «Loi Travail 2: première alliance de circonstance entre Insoumis, PS et communistes». Beaucoup attendent aussi un mouvement social en septembre: certains avec le sourire comme Prince qui a «hâte d’être dans un mois/ un mois et demi pour ressortir ce tweet quand ca va demander de manifester dans les rues contre la loi du travail MDR»; comme une supportrice de l’Euro qui a invité le sujet lors d’un duplex de beIn Sports «malaise sur beIn Sports: une supportrice de l’Euro donne un carton rouge à la loi Travail»; ou comme Brazil qui prévient «#LoiTravail Tremble Edouard Philippe, tremble! Ce que l’on va se marrer en septembre. Gros bordel en perspective…».

D’autres préparent le terrain social à coups de tracts et de discours comme ce sera le cas ce week-end à l’université d’été de la France insoumise.

La paranoïa et la théorie du complot n’étant jamais bien loin sur le net, des rapprochements sont faits entre les tensions sociales probables et les commandes de l’Etat en matière de sécurité. On juxtapose deux informations, l’achat de lacrymos et les propos tenus par Macron lors de sa campagne, «la loi travail se négociera dans l’échange et la concertation. Seuls gages d’un dialogue social apaisé». Et on ironise, «Macron a commandé pour plus de 22 millions d’euros de grenades lacrymogènes pour la rentrée…C’est beau l’optimisme». On peut donc suivre le conseil d’Epictète «ayez confiance» ou l’exemple de Barney Stinson dans ce gif hilarant.

Vous avez dit détaché?

Tandis que le gouvernement planche pour tenter d’enrayer le chômage en France avec sa loi Travail, il n’en oublie pas pour autant d’autres problématiques, en premier lieu celle des travailleurs détachés. Pour ceux qui ne se souviennent que vaguement de la polémique du plombier polonais, Brut fait le point sur ce que recouvre cette appellation à l’occasion du «déplacement d’Emmanuel Macron en Europe de l’Est, au fait c’est quoi un travailleur détaché».

Pédagogues, certains twittos tentent d’expliquer, graphiques à l’appui qu’un «travailleur détaché en France ne coûte pas moins cher qu’un travailleur français. Alors pourquoi embaucher un travailleur détaché? Une idée?». Quelques tweets expliquent que «le problème n’est pas le #travaildétaché mais la fraude, les sociétés boîtes aux lettres». Et pourtant pour «Emmanuel Macron, la directive sur le travail détaché est une trahison de l’esprit européen». Une lecture contestée par de nombreux twittos pour qui «au contraire, si l’esprit UE c’est le marché libre alors le statut de travailleur détaché en est une traduction des plus fidèles». Pour Nicksilien il s’agit même d’un paradoxe politique puisque «#Macron veut soit disant durcir le statut des travailleurs détachés alors que la #loiTravail va de fait y amener les salariés français». Si on ajoute le soutien d’hommes de droite comme Eric Ciotti qui tweete «la directive travailleurs détachés ne doit pas être révisée mais supprimée! Elle provoque un dumping dangereux pour nos entreprises #Macron», on y perd son latin.

Tandis que le président français obtient une avancée des discussions avec la Slovaquie et la République tchèque, des routiers d’autres pays européens, eux, ne sont guère convaincus. Il faut s’accrocher pour y comprendre quelque chose, à moins qu’on décide d’en rire comme le suggère Punchingbil et son gif «si en voiture je n’attache pas ma ceinture suis-je considéré pour autant comme un travailleur détaché?».

De nouveaux jobs

Heureusement, le marché du travail n’est pas coincé pour tous et cette semaine Twitter n’a pas oublié d’évoquer voire de tacler les nouveaux promus. A commencer par la première dame. L’Élysée a en effet créé une charte de transparence pour Brigitte Macron. «Des conseillers mais pas de #salaire: le statut de#Brigitte#Macron officialisé». Le coût de ce statut ne laisse pas Twitter silencieux! «Les APL diminuent mais on a 2 400 000 euros par an pour la Première Dame! C’est ça la moralisation à la Macron?». «200 000 par mois?! Ca fait un paquet de cordons bleus». Sans compter que «le rôle de Brigitte Macron est clarifié dans une charte de transparence aussi épaisse que le code du travail». Et cette transparence gagnerait pour certains à être appliquée à la loi Travail «plutôt que la charte de transparence de Brigitte #Macron, l’Élysée devrait publier le contenu réel des ordonnances sur le code du travail».

Mais ne s’agirait-il pas d’une diversion? Pour Bastien, «L’Élysée publie un plan contre le terrorisme? Un plan contre le chômage? Non, une charte de transparence sur le rôle de Brigitte Macron». Lamartine 87 va plus loin «le panda et le statut de Brigitte Macron, tout pour nous faire oublier la loi Travail…».

L’évolution de carrière de Mme Macron n’est pas la seule à avoir titillé la curiosité. L’annonce du nouveau travail de François Fillon a déchainé les twittos, «car dès la rentrée, François Fillon va travailler dans la finance»! Le con qui ose tout tacle le candidat à la présidentielle car «jouer avec l’argent des autres ca va pas beaucoup le changer». Quant aux caricaturistes ou dessinateurs, ils ne sont pas en reste, comme en atteste l’entretien d’embauche imaginaire de Fillon ou le gif où l’ancien premier Ministre se réjouit de son «karma d’enfer». Toujours à droite, n’oublions pas que Jean-Pierre Raffarin devient lui chroniqueur télé pour Laurent Delahousse… «Deux anciens premiers ministres. L’un se recase dans la finance, l’autre dans la télé. Faillite de la classe politique. #Fillon #Raffarin».

Mais le plus bel exemple de réinsertion est peut-être François Hollande. Taiseux depuis son départ de l’Élysée, il a repris la parole cette semaine, «à Angoulême, François Hollande a, pour la première fois, commenté l’action de son successeur». La réponse de Macron n’a pas tardé, le Président en poste soulignant le bilan du précédent quinquennat. «La vérité? C’est que la France est la seule puissance économique européenne qui n’a pas gagné la bataille contre le chômage de masse». Et Roger Karoutchi de conclure «ouf… Hollande s’est trouvé un rôle politique par rapport à Macron… Il va être soutien critique… Bref frondeur».

En sortant de sa réserve, au sens propre sous la plume de Plantu et au sens figuré, François Hollande renoue avec une vie médiatique en sommeil depuis à peine quelques mois. Leader de l’opposition face à son ancien ministre, voilà un travail de forçat que François Hollande prendra peut-être… faute de mieux.

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