On savait déjà que l'âge de la maturité sexuelle des jeunes femmes avait une influence sur la durée de leurs études. Toutefois, jamais des scientifiques ne s'étaient penchés d'aussi près sur le lien entre l'âge des premières règles et le temps passé au sein du système éducatif. Après avoir étudié le génome de 180.000 femmes, une équipe de recherche de l'Imperial College London semble avoir prouvé que plus celles-ci vivent leurs premières règles tôt, plus elles ont tendance à faire des études courtes voire à abandonner leur scolarité aussi tôt que possible.
En étudiant des marqueurs génétiques connus pour être liés à la ménarche –terme qui désigne la période des premières règles–, les chercheurs et chercheuses de l'université londonienne ont établi un lien de causalité relativement raisonnable mais néanmoins significatif, avançant notamment le chiffre suivant: voir ses règles débuter un an plus tard, c'est gagner en moyenne cinquante-trois jours d'études. L'équipe a cependant indiqué qu'elle ne comptait pas fournir, même à titre indicatif, un barème indiquant aux jeunes femmes la durée moyenne de leurs études en fonction de l'âge de leurs premières menstrues.
L'effet d'une maturité précoce compliquée?
Parmi les explications possibles de ce phénomène, il y a le fait que les règles provoquent des changements physiques qui donnent aux jeunes filles une apparence plus mature. Traitées comme si elles étaient plus âgées alors qu'elles n'y sont pas prêtes, elles peuvent alors devenir psychologiquement fragiles et/ou adopter des comportements à risques. Elles seraient alors moins performantes à l'école et auraient envie de se frotter plus vite à la vie active, même sans formation professionnelle.
Le prochain objectif de l'équipe de recherche est de déterminer plus précisément en quoi l'âge des premières règles influe sur la durée des études. Co-responsable des recherches, le docteur Dipender Gill rappelle qu'il existe des liens avérés entre la durée d'études et le taux de dépression, la quantité de comportements à risques ou encore la qualité de la santé. Une nouvelle preuve du fait que considérer les règles comme un sujet tabou peut avoir des conséquences entières sur l'existence d'un certain nombre de femmes.