Le journaliste du Guardian, Jon Ronson, qui s'est immergé quelques semaines au cœur de la scène du custom porn de Los Angeles commence par ce constat: internet a fait beaucoup de mal à ceux qui produisaient un porno de qualité, et l'essentiel de l'argent est aujourd'hui dans les mains de géants de la tech qui possèdent des portails du type Pornhub. Toutefois, une nouvelle scène niche est en train d'émerger.
Celle-ci met en relation directe des réalisateurs avec des clients autour de scénarios créés sur mesure. Les prix peuvent aller jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de dollars le film suivant les besoins, le tout pour un public unique donc: le commanditaire. Jon Ronson évoque un synopsis qui impliquait l'achat et l'explosion d'un van.
Des différentes équipes rencontrées par le Guardian, plusieurs univers se dessinent. Certains se rapprochent davantage de la pornographie amateur telle qu'on la connaît où des particuliers vont réaliser leur fantasmes avec un acteur ou un actrice. D'autres tiennent davantage d'un fétichisme presque poétique.
Tapette à mouche et déluge de moutarde
Dans une des vidéos, une femme toute habillée est exaspérée parce qu'elle ne retrouve pas sa tapette à mouche. Elle finit par tomber dessus et se met à chasser les insectes dans la cuisine. Fin de la vidéo. Dans une autre, commanditée par un restaurateur, une femme en maillot au bord d'une piscine reçoit en pleine tête tout un tas de sauces et condiments. Et il y a cet Islandais collectionneur de timbres qui chaque année s'offre une vidéo dans laquelle un groupe de jolies jeunes femmes s'attaquent à un de ses classeurs avant de le brûler.
Le rapport entre les réalisateurs et acteurs et leurs clients s'en trouve bouleversé. Si certains essaient de comprendre les motivations derrière les vidéos et de sympathiser avec les commanditaires, d'autres préfèrent garder leur distance par peur de ce qu'ils trouveraient en creusant la surface. Une des réalisatrices reste traumatisée par cette histoire d'un prêtre italien qui a tué une nonne. Dans son ordinateur, il n'y avait que ses vidéos à elles mettant en scène des contenus transgressifs autour de la religion. «Je ne veux pas connaître mes fans parce que je ne sais pas si ça les aide ou si ça leur fait du mal», résume Kym.
L'article cite également le cas d'un homme commanditant une vidéo dans laquelle «une jeune femme assise par terre les jambes croisées parle à la caméra d'à quel point il est aimé et que si les choses se passent mal maintenant ce ne sera pas toujours le cas et que le suicide n'est pas une solution». «Reste avec nous», concluera l'actrice à l'écran, espérant que dans ce cas, la vidéo soit une bouée de sauvetage qui aide son commanditaire à aller mieux. Le costum porn le prouve à l'extrême, chacun sa manière de se faire du bien.