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Des chercheurs utilisent Google Maps pour repérer les zones d’esclavage en Inde

Temps de lecture : 2 min

Avec plus de 18 millions de personnes concernées, l’Inde serait le pays où l’esclavage moderne est le plus répandu.

Un Indien travaillant dans une fabrique de briques à l'extérieur de Calcutta, le 7 mai 2017. DIBYANGSHU SARKAR / AFP
Un Indien travaillant dans une fabrique de briques à l'extérieur de Calcutta, le 7 mai 2017. DIBYANGSHU SARKAR / AFP

Le travail servile, bien qu’officiellement interdit en Inde depuis 1976, est particulièrement répandu dans le pays, comme le montre Quartz. Sur les 46 millions d’esclaves modernes estimés dans le monde, 18,3 millions se trouveraient en Inde. La Chine, second pays à avoir le plus d’esclaves, n’en compterait «que» 3,3 millions.

Cette forte proportion d’esclaves en Inde s’explique notamment par le boom de la construction que connaît le pays depuis plusieurs années, et qui repose en grande partie sur ses 100.000 fours à briques. Ces fabriques, qui emploient plus de 23 millions de travailleurs, ont énormément recours à l’esclavage des adultes comme des enfants, forcés de travailler dans des conditions déplorables. Lorsqu’un chef de famille accepte de venir travailler dans l’un de ces fours, toute sa famille est également obligée de le suivre, en échange d’un salaire médiocre qui force les travailleurs à s'endetter indéfiniment.

Repérer depuis le ciel pour agir au sol

Les chercheurs du Rights Lab de l’université de Nottingham au Royaume-Uni ont décidé de lancer, en mai 2017, un programme d’observation satellite en Inde de manière à pouvoir cartographier la localisation de ces nombreux fours à briques.

En utilisant Google Maps, le programme Esclavage depuis l’Espace a permis de repérer ces usines, parfaitement visibles depuis l’espace. Les citoyens volontaires étaient eux aussi encouragés à trouver les fours à briques via la plateforme du programme, à les marquer grâce au logiciel et à envoyer les résultats au Rights Lab. Des images satellites plus précises permettent ensuite d'affiner les observations.

Bethany Jackson et Jessica Wadlaw, chercheuses à l’université de Nottingham en charge du programme, ont expliqué les bénéfices d’une telle méthode de cartographie à distance:

«Pour lutter contre l’esclavage, les ONG fonctionnent souvent avec des pratiques qui nécessitent de se trouver sur le sol du pays. Mais lorsque l’esclavage a lieu dans des zones isolées, des zones de conflits ou des aires instables politiquement, cela peut s’avérer très dangereux. Les images satellites nous donnent l’opportunité de trouver les lieux où les droits de l’homme ne sont pas respectés, ce qui permet ensuite d’intervenir plus rapidement et efficacement. L’objectif premier d'Esclavage depuis l'Espace est de connaître l’emplacement de ces fours à briques (...) pour ensuite mener des actions sur le sol.»

L’équipe de chercheurs s’est d’abord focalisée sur une zone de 2.600 kilomètres carrés dans l’état du Rajasthan, mais prévoit d’étendre ses recherches de manière à exaucer le souhait des Nations unies, qui veulent éradiquer l’esclavage d’ici 2030.

Mais à cette date, l’Inde devrait être devenue le troisième plus gros marché de la construction au monde et peser 1 billion de dollars. La demande de briques devrait alors augmenter, ce qui favoriserait malheureusement l’esclavage.

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