Depuis le mois de juillet, il est interdit aux Milanais au même titre qu'aux touristes de se promener dans les rues avec des canettes ou des verres à la main ou d'utiliser des perches à selfies. Les vendeurs ambulants et les food trucks n'y sont pas les bienvenus non plus, rapporte le magazine en ligne CityLab . Adoptée à l'occasion de la saison estivale, cette mesure drastique ne vaut que pour le quartier central de la Darsena, point de jonction entre le Naviglio Grande et le Naviglio Pavese , les deux canaux de la capitale lombarde.
Cette décision intervient après celle de la municipalité de Rome d'interdire aux gens de manger ou de boire aux abords des fontaines du centre-ville ou de s'y tremper ainsi que de boire de l'alcool cannette ou verre à la main passé 22 heures dans 90% de la capitale. À ces mesures, il faut ajouter celles de Florence d'arroser les marches à l'heure du déjeuner pour empêcher les touristes de pique-niquer devant les principales églises de la ville ou celles de Venise ou de Vérone d'interdire la commercialisation de plats non locaux dans certains endroits touristiques.
Ces mesures restrictives, dont l'objectif est de faire face à l'afflux massif des touristes, sont généralement bien perçues, surtout qu'il n'est pas question bien sûr de remettre en cause un des secteurs les plus dynamiques de l'économie transalpine mais simplement de pacifier les relations avec les habitants. En Ligurie, un système est expérimenté pour contrôler le nombre de personnes autorisées à visiter cinq villages de pêcheurs classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Venise pourrait être tentée de suivre.
La question de la sécurité urbaine
Cette série de décisions estivales font partie d'une tendance plus globale à l'échelle nationale pour règlementer la vie des centres urbains de la péninsule qui se détériorent rapidement. Le Dr Ugo Rossi, géographe de l'université de Turin, souligne qu'à part peut-être dans le sud du pays de nombreux centres urbains se sont vidés des résidents locaux au profit des touristes et des étudiants qui n'ont pas le même respect pour l'espace public.
La crise financière de 2008 a également favorisé la petite délinquance urbaine et les incidents constatés dans les rues ces dernières années alimentent le sentiment de peur des populations. Pour y répondre, le décret de loi sur la Sécurité Urbaine, approuvé par le parlement en avril dernier, augmente les pouvoirs des autorités locales. La police peut infliger des amendes à toute personne suspecte dans des périmètres de sécurité établis par les maires et leur en interdire l'accès pendant quarante-huit heures voire beaucoup plus si elle continue de poser problème.
Problème, pour ses critiques, la nouvelle loi apparaît plutôt arbitraire dans la mesure où elle viole la présomption d'innocence. Tout comme la loi antiterroriste en France, elle permet à la police d'interpeller n'importe quel citoyen sur la base d'un simple soupçon et sans aucune preuve matérielle. Pour Ugo Rossi, l'Italie a aujourd'hui le défi de trouver d'autres solutions à ses problèmes que la criminalisation de ceux qui occupent l'espace public.