Il est très facile de se sentir perdu avec les nouvelles technologies quand on n'est pas soi-même né avec. Combien de fois un père ou une mère quinquagénaire a demandé de l'aide à ses enfants pour télécharger une application ou un fichier sur internet? Même le journaliste Will Oremus, spécialiste en la matière, a expliqué en 2015 son trouble face à l'application Snapchat.
«Depuis deux ans, des vieux croûtons comme moi écrivent sur Snapchat pour des sites aussi archaïques que Slate, sans jamais avouer qu'ils n'y comprennent que dalle.»
L'idée d'une génération de «digital natives», c'est-à-dire des jeunes nés avec la technologie et donc plus à même de la maîtriser, a ainsi surgi au début des années 2000. Le professeur Marc Prensky, dans un essai, estimait qu'il fallait alors changer les méthodes d'apprentissage pour s'adapter aux jeunes et leur état connecté.
Aucun groupe spécifique n'a de pouvoirs spéciaux
Pourtant, comme l'explique le site Nature, ce clivage n'aurait en réalité pas lieu d'être. Il cite une récente étude publiée dans Teaching and Teacher Education, où les auteurs concluaient notamment que les «digital natives» n'étaient pas plus à même de la maîtriser que leurs aînés. Quartz, qui relaie aussi l'information, résume les conclusions de cette recherche:
«Malgré les affirmations selon lesquelles les générations les plus jeunes apprennent différemment et requièrent des stratégies d'enseignement multimédias et spécialisées parce qu'ils sont nés avec le web et les smartphones, les auteurs disent qu'il n'y a pas de preuve suggérant que celles-ci sont plus douées avec la technologie ou le multi-tâches que les générations plus anciennes.»
Dans une interview accordée au journal Discover, Paul Kirschner, le co-auteur de l'étude et professeur de psychologie de l'éducation à l'université «ouverte» du Pays-Bas, demande à ce que l'on arrête de catégoriser les jeunes générations: «Nous devons traiter les gens comme des humains, qui apprennent de façon cognitive, et arrêter de considérer qu'un groupe spécifique peut avoir des pouvoirs spéciaux.»
Les expériences et tests menés par l'équipe de Kirschner montrent que ceux que l'on surnomme «digital natives» n'ont pas forcément plus de capacités informatiques que leurs aînés. De plus, il a été montré que lire des textos pendant les cours ou des réunions a un coût cognitif non-négligeable. Au fond, et c'est la conclusion de Quartz, les digital natives peuvent avoir une façon différente de voir le monde –que ce soit vis-à-vis de la politique, de l'environnement ou de la religion–, mais leur façon d'apprendre, notamment dans le domaine technologique, n'a pas évolué si on les compare à leurs aînés.