Le président Trump a une manière particulière de s'exprimer et une façon très particulière de voir le monde. Changeant de sujet très rapidement; ne finissant pas ses phrases, il organise son «discours» autour de mots qui reviennent sans cesse et d'expressions toutes faites. Il n'y a qu'à lire la longue interview, donnée le 19 juillet dernier, à trois journalistes du New York Times. Il y compare le sort de Napoléon à celui d'Hitler. «Hitler voulait consolider. Il était prêt à avancer. Mais il voulait consolider. Il y est allé et les températures sont descendues en dessous de 35 degrés fahrenheit (soit moins de 2°C Celsius), et ce fut la fin de l’armée. Les Russes ont de très bons soldats dans le froid. Ils utilisent le froid à leur avantage. Ils ont quand même gagné cinq guerres où les armées adverses sont mortes de froid. C’est incroyable.» Les traducteurs s'arrachent les cheveux.
Nous avons ainsi imaginé l'interview forcément exclusive qu'il aurait pu donner après son passage en France. Loin de la politique et de ses tensions, loin des affaires, le président américain raconte l'histoire à sa façon, et en français.
La campagne de Russie en 1812
J’étais à Paris, au tombeau de Napoléon. Vous savez. Super type. Napoléon, je veux dire. Qui ne connaît pas Napoléon? En fait, il a fait tellement. C’est incroyable ce qu’il a fait –personne n’aurait pu penser qu’il ferait toutes ces choses. Comme quand il est allé en Russie. Incroyable. En Russie. Je veux dire, personne n’a pensé qu’il avait dû y aller à pied. Ses soldats étaient à pied, parce que –c’était à cause du froid, l’essence gelait. Plus de voiture. A pied. Vous y pensez à ça? Personne n’y pense jamais. C’est tellement énorme. En marchant. Alors j’ai demandé au président Macron. C’est un type extra, vraiment. J’ai demandé si tous les milliers de soldats du défilé –est-ce que c’était ceux qui sont allés en Russie avec Napoléon? Et il m’a dit «impossible». C’est un super type. Il a pris ma main et m’a dit que c’est impossible. Il n’y avait que ceux qui n’y sont pas allés. Les autres sont morts. Tous, bien sûr. Parce qu’on les a obligé à marcher. Pendant plusieurs heures. Vous pouvez imaginer ça? Et Napoléon voulait faire l’Europe. Alors il a envahi la Russie avec plein d’Allemands, comme Hitler. Mais pas les Australiens, Hitler était australien, comme vous savez. Mais à l’époque il n’était pas né et l’Australie n’a pas participé. Ils ont dit que c’est parce que c’était trop loin. C’est une des raisons. Mais c’est aussi parce que Hitler n’était pas encore né. J’ai dit ça au président Macron. Il m’a souri et après il m’a repris la main. Je crois que ce que je lui ai dit lui a fait un peu peur. Il ne voulait plus lâcher ma main.
À propos la Muraille de Chine
Vous savez, ils ont dit que le mur –on ne peut pas construire le mur avec le Mexique. Ils ont dit ça, alors que le mur, je veux dire, vous savez un mur, c’est facile. Regardez les Chinois. Regardez leur économie, ils sont très endettés et ils ont fait un mur. Parce que les Mongoliens volaient les emplois et les chevaux. Genghis Khan. Vous savez, il était juif. Son nom est juif. Khan. Qui aurait pu penser qu’il était Juif? Alors la Chine construit son mur pour que les Mongoliens ne viennent plus en Chine et volent les emplois des Chinois. Alors Khan, qui est très malin, il contourne le mur. Mais il ne peut pas. C’est un mur très haut, très long. La station spatiale. On le voit depuis la station. Ils font un détour. Pour l’éviter, les astronautes. Buzz Aldrin me l’a dit, c’est infini. Incroyable. C’est un grand mur. Et très long. Alors les Mongols longent le mur. Et les Chinois rallongent le mur. Qui aurait pu penser qu’on pourrait faire un mur aussi long ? Personne ne l’avait jamais fait. Alors Genghis Khan à force de longer le Mur, arrive jusqu’en Israël. Et il fait un autre mur à Jérusalem, plus petit. Et les Juifs pleurent sur le mur pour se souvenir. Parce qu’ils n’ont pas pu traverser le mur des Chinois. Mais ils sont mieux qu’en Mongolie. Terrible là-bas. Beaucoup d’herbes. Et des chevaux. Trop de chevaux. Pas de golf. Et plus de Juifs. Ils ont tous longé le mur. J’en ai parlé à Netanyahu. Lui aussi ne voulait plus lâcher ma main.
La découverte de l'Amérique
L'Amérique est tellement grande. Énorme. Personne n’a jamais vu un continent aussi grand. Même Christophe Colomb n'a pas pu la manquer alors qu’il était assez petit. L’Amérique est plus petite maintenant, mais elle va redevenir grande, comme au temps de Colomb. Il ne pouvait pas passer! Il ne pouvait tout simplement pas passer! Elle prenait tout la place! Alors il est descendu de son bateau –c'était un grand bateau– mais plus petit que l'Amérique, et il a marché et il a dit «OK». Il a dit «C'est comme la découverte de la Route des Indes +++, vous voyez ce que je veux dire?» Il y avait tous ces Indiens tout ce pétrole. Mais bien sûr il n'a pas réalisé à quel point c'était grand, et tout ce pétrole! C'était tellement compliqué de traverser la mer. Personne ne pouvait l'imaginer. Sans pétrole. Ils ont dû mettre des voiles. Imaginez ça! Mettre des voiles sur un bateau! Tout le monde trouvait ça fou, mais ils l’ont fait! Ils ont eu l’idée, ils ont mis un grand poteau au milieu du bateau et ils ont accroché une voile. Ils ont eu de la chance: le vent a toujours soufflé vers l’Amérique. J’en ai parlé au fils de Christophe Colomb quand j’étais à Paris. Il est vieux maintenant et il est ministre de la Police. Ils s’occupent des gens qui traversent la mer en bateau. J’en ai parlé au ministre, de la chance de son père, pour le vent. Mais je lui ai dit «vous avez loupé le pétrole!» Il avait l’air préoccupé. Tout cet argent envolé! C’est triste.
Le Moyen-Âge
Pour gouverner, il faut savoir être malin et faire des bons accords. Regardez le roi Arthur– vous savez c’était un roi, il était très fort et personne ne pensait qu’il pourrait être roi, tout le monde pensait que ça serait un autre, tous les médias étaient contre lui. Mais il a gagné! Il voulait faire sortir la Grande-Bretagne de l’Union Roumaine. Arthur devait aller dans son château, mais il y avait des chevaliers qui ne voulaient pas. Incroyable! Ils tenaient tête au roi. On pensait qu’on pourrait les contourner mais non. Qui aurait pu penser que ce serait si compliqué? C’est comme le Sénat! Et ils criaient «Ni, Ni» Et ils voulaient un jardinet! Un jardinet. Comment trouver un jardinet? Ces gens étaient fous. Ils vivaient dans les forêts, au milieu du brouillard. Et il y avait des paysans aussi qui étaient tous marxistes-léninistes. Au Moyen-Âge! Qui aurait pu croire ça? Les paysans du Moyen-âge étaient communistes. C’est pour ça que leur taux de croissance était tellement bas et qu'il n'y avait pas d'entrepreneurs. Interdit! Incroyable. Et ces chevaliers qui disaient «Ni», le roi leur a donné un jardinet. Il a conclu un accord. Mais ils en voulaient toujours plus. Et ils changeaient de nom. Comme les Russes. Avant, c’était les Soviétiques. Et ils ont changé de nom. Comme les Chevaliers. Maintenant ils ont des chars. Vous avez déjà vu des jardinets en Russie? Ils sont horribles. Pas de croissance. Les paysans communistes.
Le débarquement en Normandie
Les Américains ont été bien accueillis en Normandie. C’est normal: personne n’était jamais arrivé par la mer en Normandie. Vous vous rendez-compte? C’est incroyable! Pas de ports. Pas de bateaux. Les gens là-bas n’avaient jamais vu ça. Alors on a dû –c’était du jamais vu, il a fallu arriver sur les plages. Il n’y avait pas de ports pour arriver en bateau. Pas d’aéroports non plus! Qui peut imaginer ça? Les généraux voulaient faire atterrir les soldats sur des aéroports. Mais pas d’aéroports. Alors ils ont ouvert les avions et ils ont dit aux soldats de sauter! Parce qu’on ne pouvait pas poser les avions –pas d’aéroports! C’est là qu’ils ont inventé les parachutes mais ils n’étaient pas dorés bien sûr. Imaginez la France! Les pauvres gens! Pas de ports et pas d’aéroports! Et des parachutes dorés qui tombent du ciel? C’était la première fois qu’on utilisait des parachutes pour faire ça. Les Allemands aussi étaient arrivés avant les Américains mais c’était plus facile parce qu’ils sont venus par des routes. En France, ils mettent des arbres le long des routes, pour que les soldats Allemands puissent marcher à l’ombre. Les Allemands ont tué plein de soldats américains quand ils sont arrivés sur les plages. Ils disaient: «c’est nos plages, allez plus loin! C’est nos plages». Ils avaient mis leurs serviettes. Maintenant, ils sont sur la Costa Brava. Ils ont dû partir. Nos soldats étaient trop forts. Et ils avaient plus de serviettes.