L’actrice Brittany Murphy, qui a notamment joué dans Clueless et 8 Mile, est subitement décédée, dimanche, d’un arrêt cardiaque à l’âge de 32 ans. Le coroner (expert médico-légal) en chef adjoint du comté de Los Angeles a déclaré que la mort de l’actrice «sembl[ait] naturelle». A quoi correspondent donc ces fameuses «causes naturelles»?
Pour un coroner, tout décès résultant d’une maladie ou de la vieillesse est considéré comme naturel. Aux Etats-Unis, dans le cas d’une mort violente ou suspecte, les médecins légistes tentent de déterminer une «cause» et une «forme médico-légale». La cause correspond aux conditions biologiques qui ont tué la victime (dans le cas de Brittany Murphy, c’est un arrêt cardiaque brutal). La forme médico-légale fait référence à tous les autres facteurs qui ont induit une cause particulière.
La plupart des Etats américains distinguent cinq formes médico-légales: homicide, suicide, accident, mort naturelle et forme non déterminée.
Plus facile de déterminer la cause d’un décès que sa forme médico-légale
Si une forme médico-légale de décès est jugée «naturelle», cela veut dire que la victime est morte des suites d’une maladie ou d’une dégradation naturelle de son état de santé. Dans ce cas, les facteurs extérieurs, par exemple des effets de produits chimiques ou une intervention humaine, n’ont qu’une incidence minime. (Il y a cependant des zones d’ombres: les décès suite à une maladie infectieuse tombent généralement dans la catégorie des formes médico-légales naturelles, alors que, stricto sensu, les microbes responsables de la mort viennent de l’extérieur du corps.)
En général, on détermine bien plus facilement la cause d’un décès que sa forme médico-légale. Dans le cas présent, Britanny Murphy est morte d’un arrêt cardiaque brutal. Cela revient simplement à dire que son cœur s’est soudainement arrêté de battre, un fait qui peut être expliqué par l’une des cinq catégories de formes médico-légales…
Du médecin légiste au certificat de décès
Son décès résulte peut être de mauvaises conditions de santé «naturelles», telles qu’une cardiomégalie, des parois ventriculaires trop épaisses, des perturbations au niveau des signaux électriques cardiaques ou des artères bouchées (ce qui n’est pas si rare chez les jeunes adultes vers la trentaine, surtout ceux souffrant de diabète). Autrement, le décès peut survenir à la suite de l’ingestion de drogue (de la cocaïne, par exemple) ou du poison. C’est alors un homicide, un suicide ou un accident. (Un coup puissant porté à la poitrine de quelqu’un peut également entraîner un arrêt de son cœur. La blessure laisserait toutefois des traces évidentes.) Il est également difficile de catégoriser les décès dus à la prise de drogue, car les preuves circonstancielles doivent permettre de distinguer les overdoses accidentelles des suicides.
Une fois qu’on obtient l’ensemble des résultats des tests de laboratoire, un médecin légiste ou un expert médico-légal (il s’agit en général d’un fonctionnaire officiellement élu à cette charge qui n’a pas de formation médicale et qui consulte le médecin légiste) dresse le certificat de décès. Ce document fait mention de la cause du décès, de sa forme médico-légale et décrit brièvement ses circonstances. Son contenu est variable: par exemple, le certificat de décès de John Lennon, contient une série de causes qui indiquent les effets physiques en cascade du coup de feu fatal qu’il avait reçu.
Classification médicale vs classification juridique
Même quand les faits sont clairs, les médecins légistes sont parfois en désaccord sur la forme médico-légale du décès. Si un patient meurt à cause du détachement d’un caillot pendant une opération destinée à déboucher ses artères, les médecins légistes pourront parler d’accident (l’erreur médicale) ou de cause naturelle (la maladie sous-jacente). Un homme qui subit une crise cardiaque pendant qu’il déblaie de la neige meurt de façon naturelle. Mais si une crise cardiaque survient lors d’une bagarre, la mort est généralement considérée comme un homicide.
Un décès dû à une réaction allergique à la suite d’une piqûre d’abeille peut être qualifié de naturel, mais aussi d’accidentel. Une intoxication alcoolique aiguë après une nuit de grosse beuverie est toujours rangée dans la catégorie de l’accident ou du suicide. En revanche, la mort d’un alcoolique qui souffrait depuis longtemps d’une cirrhose est généralement considérée comme naturelle.
(Si le cœur de Brittany Murphy était affaibli en raison de «troubles de l’alimentation», comme disent certaines rumeurs, le médecin légiste pourrait assimiler cette forme de décès à celle de la mort d’un alcoolique au foie défaillant.)
Cette classification est médicale. Du point de vue juridique, les catégories sont parfois différentes. Par exemple, si une victime est tuée par un automobiliste ivre, le médecin légiste dira que c’était accident, tandis que les procureurs pourront parler d’homicide (involontaire). Le contraire existe aussi. Dans des affaires où intervient la légitime défense, le médecin légiste peut considérer qu’un décès est un homicide, même si le procureur, au final, n’inculpe pas l’auteur du décès.
Brian Palmer
Traduit de l'anglais par Micha Cziffra
Image de Une: Brittany Murphy REUTERS/Will Burgess