La compagnie aérienne Air India a tranché. Après un plan de privatisation approuvé par le gouvernement et face à d'importantes dettes, elle va faire évoluer son offre à bord de ses vols domestiques et n'y servira désormais plus que des plats végétariens.
Quel rapport, me direz-vous? La viande, aux yeux de G. P. Rao, porte-parole de la compagnie interrogé par le New York Times, est trop onéreuse. Proposer des plats végétariens en classe Économie serait ainsi un moyen efficace de réduire les coûts et de diminuer le gaspillage. Il rappelle que ce n'est qu'un faux problème, dans la mesure où les repas en classe Économie ne sont «qu'un service additionnel», précise Air Journal.
Mais l'annonce est mal passée. Derrière l'argument économique, certains Indiens y ont vu une manœuvre politique de la compagnie aérienne, toujours détenue par le gouvernement du nationaliste Narendra Modi, ajoute le New York Times.
«De nombreux membres de la majorité hindoue sont végétariens, alors que les musulmans et d'autres minorités du pays mangent de la viande. L'initiative de la compagnie a donc été vue par beaucoup comme discriminatoire et comme une nouvelle marque de la vague du nationalisme religieux qui balaye le pays.»
Une aubaine pour la concurrence
En Inde, où l'alimentation est un important marqueur identitaire, cette évolution des repas a fait réagir le chef indien et chroniqueur Madhu Menon. Sur Twitter, il raille: «Bientôt, les passagers devront parler uniquement hindi. Puis, ils devront se lever pour chanter l'hymne national avant le décollage.»
Si la compagnie aérienne low-cost rivale IndiGo s'est montrée assez discrète –normal, puisqu'elle s'est portée candidate à la reprise d'Air India–, l'autre compagnie indienne Air Vistara, elle, ne s'est pas privée de commentaires. Sur Twitter, elle a rappelé que, dans ses vols, on a encore le choix entre de la viande et un plat végétarien.
At @airvistara, we leave the choice to you! pic.twitter.com/31GBFRoh9W
— Vistara (@airvistara) 10 juillet 2017