France

La vision, le programme et les twittos

Temps de lecture : 4 min

Les discours du Président de la République et du Premier ministre ont fait bouillir la twittosphère cette semaine. En l'espace de deux jours et en deux heures et demi, ils ont donné une idée plus claire de ce que devrait être ce quinquennat pendant lequel plus rien ne sera comme avant.

Emmanuel Macron arrive au Congrès à Versailles, le 3 juillet 2017. ÉTIENNE LAURENT / POOL / AFP
Emmanuel Macron arrive au Congrès à Versailles, le 3 juillet 2017. ÉTIENNE LAURENT / POOL / AFP

Contenu partenaire - Un discours du Président de la République devant le Congrès réuni à Versailles, une déclaration de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale le jour suivant. En deux heures et demi, la future politique du pays a été dévoilée par les deux têtes de l’exécutif. De quoi animer la twittosphère.

Un discours entre Jupiter et Hypnos

Réunir le Congrès n’est pas un acte anodin. Au moment où Emmanuel Macron se préparait à entrer dans le château de Versailles, trois hommes l’avaient précédé dans son entreprise: les deux derniers Présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy... et Louis-Napoléon Bonaparte. Un moment «solennel» censé montrer «les immenses défis à relever». Un moment dont le coût a aussi été remarqué par de nombreux twittos, notamment les militants de la France Insoumise. «500.000 euros pour le Congrès de Versailles. Et ensuite on demande aux Français de se serrer la ceinture».

Le discours du Président de la République a été truffé de mots-clés. Comme l’ont souligné les Décodeurs. «France» et «peuple» ont été les plus employés (35 et 30 fois) et d’autres éléments de langage sont souvent revenus comme «action» (prononcé 22 fois), «réel» ou «réalité» (17 fois en tout) ainsi que «travail» et «efficacité» (14 fois chacun). Un «“State of the Union” à la Française» (Discours de l'Etat de l'Union prononcé tous les ans aux Etats-Unis par le Président) en somme, qui a été parfois difficile à suivre et à endurer. «Quand la pensée est si longue et complexe que le décrochement est inévitable #sommeil».

Si le groupe de la France Insoumise avait indiqué qu’aucun de ses membres ne participeraient au Congrès pour protester contre l'hyper-présidentialisation d’Emmanuel Macron, certains étaient manifestement devant leur poste. «Encore quelques minutes et le Président Jupiter laisse la place à Hypnos, Dieu du sommeil #CongresVersailles», commentait Alexis Corbière, député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis.

Au coeur de ce discours, Emmanuel Macron a énuméré les réformes institutionnelles qu’il comptait mener au cours de sa première année de mandat, soulignant que «depuis plusieurs décennies, l’esprit qui a fait naître les institutions s’est abîmé au gré des renoncements et des mauvaises habitudes». Il a confirmé son intention de réduire d’un tiers le nombre de parlementaires et souhaite que l’Assemblée nationale soit élue «avec une dose de proportionnelle». La première mesure doit, par son action, amener les parlementaires à mieux travailler les dossiers et à s’entourer de collaborateurs mieux formés. «Rien ne justifie autant de parlementaires. Ce sera autant efficace voire même plus efficace avec moins de monde», indique-t-on sur Twitter. Mais avec la diminution du nombre de parlementaires vient d’autres effets pervers, «les territoires ruraux risquent d’être sous-représentés!».

Emmanuel Macron a également plaidé devant le Congrès pour une refondation du Conseil économique, social et environnemental, une révision du droit de pétition et la suppression de la Cour de Justice de la République.

De nombreux engagements figuraient déjà dans son programme présidentiel. «“5000 euros la minute”... Pour redire des promesses de campagne». le discours a aussi été critiqué pour son manque de clarté. Pour Nicolas Dupont-Aignan, les «quelques annonces et bons principes» n’ont pu compenser un «discours creux et prétentieux», faisant écho aux moqueries de l’humoriste Guillaume Meurice: «Je conseille aux scientifiques qui prétendent que le vide absolu n’existe pas d’écouter le discours de Macron au #CongrèsVersailles».

Philippe ne bat pas Juppé

On a aussi peiné «à comprendre le sens de l’intervention du président de la République la veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre». Que restait-il au chef du gouvernement après la «vision» du président‹? «Le sale boulot et les annonces des mesures douloureuses» expliquait Jean-Luc Mélenchon dès dimanche dans le JDD.

«Un classique» dans la Ve République en réalité. Et cela a été la ligne du discours du Premier ministre, où il a été question de réformes budgétaires, de la baisse de l’impôt sur les sociétés, la réforme de l’ISF ou la réduction du déficit public. D’autres mesures concrètes ont été annoncées comme les vaccins obligatoires pour la petite enfance ou l’augmentation du paquet de cigarettes à 10 euros. «Bientôt dans le top recherches Google FR "faire pousser son #tabac"».

«Investissement, baisse des charges, réduction de la dette, assouplissement du code du travail: un vrai discours de politique générale de droite». Un discours qui a été émaillé par les interventions de la France Insoumise, dont le groupe a marqué plusieurs fois son hostilité.

L’opposition au gouvernement ne viendra-t-elle systématiquement que de sa gauche? Du côté des Républicains, il y a eu 23 contre et 75 abstentions au vote de confiance. Au final, le gouvernement d’Edouard Philippe a recueilli la confiance de 370 députés et 67 s’y sont opposé, pour 129 abstentions. C’est le plus faible nombre de votes contre lors d’un discours de politique générale depuis 1959, «ainsi qu’un record d’abstentions», note Le Monde. Une «opposition très “bienveillante”» en résumé. Edouard Philippe fait toutefois moins bien qu’Alain Juppé. Son mentor avait récolté 464 voix pour en 1996 et reste de fait «l’homme du record du vote de confiance».

Le groupe LREM s’est donc montré discipliné, prêt à soutenir le chef du gouvernement. Les interventions d’Edouard Philippe ont d’ailleurs récolté «55 salves d’applaudissements en une heure» de la part des représentants de la République En Marche. «Des députés qui applaudissent sur commande le PM, tels des robots. Triste démocratie.» Mais les Français n’ont, eux, pas approuvés le discours du Premier ministre et du Président la veille. «À peine plus d’un Français sur quatre» a été convaincu selon FranceInfo.

La parité et Simone Veil

Les prises de paroles des parlementaires ont suivi les discours des deux chefs de l'exécutif. Et comme on avait pu le constater avec les nominations aux postes importants de l’Assemblée nationale, la parité a encore du mal à s’établir. Alors que les travées de l’Assemblée comportent 38,8% de femmes, aucune n’a pu prendre la parole à la suite du discours du Premier ministre. «Voir cette Assemblée nationale pleine de femmes et de couleurs ça fait bizarre, il me tarde que cela devienne banal».

L’annonce de l’entrée future au Panthéon de Simone Veil, accompagnée de son mari, oeuvrera-t-elle dans ce sens? «Un homme qui accompagne sa femme au Panthéon et non l'inverse, quel beau symbole de modernité».

Newsletters

Jean-Paul Belmondo, professionnel de Roland-Garros

Jean-Paul Belmondo, professionnel de Roland-Garros

L'acteur avait deux amours: le cinéma et le sport. Fan de boxe, cofondateur du PSG, le comédien mort le 6 septembre 2021 à l'âge de 88 ans ne manquait presque jamais une édition de Roland-Garros. Dans les dernières années de sa vie, c'est l'un des...

Lu Shaye, l'ambassadeur qui prouve que la diplomatie chinoise passe à l'offensive

Lu Shaye, l'ambassadeur qui prouve que la diplomatie chinoise passe à l'offensive

Les remous provoqués par ce «loup guerrier», qui a insulté un chercheur français sur Twitter, s'inscrivent dans un cadre plus large.

VGE, président du cool trente ans avant Obama

VGE, président du cool trente ans avant Obama

Valéry Giscard d'Estaing est mort ce mercredi 2 décembre à l'âge de 94 ans. Tout au long de sa vie politique, l'ancien président de la République n'aura cessé de tenter de se construire une image d'homme moderne, en rupture avec les chefs d'État...

Podcasts Grands Formats Séries
Slate Studio