Boire & manger

Hey! Elle, Glamour, Grazia? Et si vous nous lâchiez le cul (et le ventre, et les cuisses, et les bras)

Temps de lecture : 13 min

La presse féminine nous fait vivre un enfer dans la plus grande hypocrisie.

«Qu’est-ce que c’est encore que cette merde?» C’est peu ou prou ce que je me suis exclamée en écoutant l’hilarante chronique de Vincent Dedienne à propos du site fourchette-et-bikini. Et dont la baseline est «qui a dit que mincir était compliqué?».

«Fourchette & Bikini est le premier magazine on-line traitant de tous les sujets gravitant autour de la minceur: psycho, actu, beauté, bien-être, santé, maman….», nous apprend un communiqué de presse. Définition que l’on pourrait accoler à l’ensemble de la presse féminine. Laquelle, dès la mi-mars délaisse peu à peu les sujets «actu» et «psycho» pour se concentrer sur la taille de nos culs et nos indices de masse corporelle. Car quand les beaux jours arrivent, les magazines féminins, papier ou en ligne, concentrent tous leurs efforts pour nous démontrer à nous, êtres utérins, que nous ne serons pas décentes sur la plage cet été à moins de perdre du poids. Oh pas beaucoup hein. Cette année, 3 petits kilos en moins feront l’affaire, nous précise, dans sa grande mansuétude, Constance Benqué, CEO de Elle,

Le fait même que Benqué semble considérer que dire aux femmes qu’elles n’ont à se délester QUE de 3 kilos constitue une petite révolution, (et croit que demander de perdre trois kilos ce n'est pas un régime) montre bien à quelle point la presse féminine est à côté de la plaque. Et s’enfonce chaque jour un peu plus dans le déni de ses responsabilités.

Quand t’es une femme, tu passes le bac option bikini toutes les putains d’année

Car véhiculer le message qu’une femme doit changer d’apparence physique avant d’oser se prélasser sur la plage et d’être soumise aux regards (masculins, essentiellement; on y reviendra) est d’une effroyable crétinerie. Et surtout d’une dangerosité sous-évaluée. La presse féminine parle d’ailleurs «d’épreuve du maillot» comme s’il y avait un test à passer auquel on peut potentiellement être recalée. Et induit donc une notion d’échec, alors même que les vacances sont censées figurer l’abandon, pour un temps, du souci de la performance et de satisfaire une instance supérieure. Quand t’es une femme, tu passes le bac option bikini toutes les putains d’année.

(Petite pause pour noter que ce «- 3 kilos avant le maillot» induit aussi que toutes les femmes partent en vacances l’été, comme si avoir les moyens de se payer la plage était une norme universelle. Et comme si entre mai et septembre, la seule apparence physique était l’unique contingence (plus que le loyer à payer, le tiers provisionnel à la rentrée, les gosses à nourrir). Mais exiger de Elle ou Glamour qu’elles prennent en compte les inégalités sociales, la VRAIE VIE et se montrent inclusives dans leurs discours, c’est encore bien trop demander. Si elles pouvaient cesser de piétiner l’ego de leurs lectrices, ce serait déjà pas mal.)

L'obsession

D’après un sondage réalisé par Condé Nast, «plus d'une lectrice de presse féminine sur deux (54%) avoue être obsédée par son poids et sa silhouette». Certains seront tentés de jouer à l’œuf ou la poule et de décréter que c’est parce qu’elles sont obsédées par leur poids que ces femmes lisent la presse féminine, précisément pour y trouver des solutions. Mais il semblerait que ce soit le processus inverse: c’est après avoir refermé un Grazia ou autre qu’une femme peut littéralement haïr son enveloppe physique et développer une obsession pour telle ou telle partie de son corps. Et aller jusqu'à la dysmorphophobie (voir notre troisième article de la série anti-régimes): le trouble de l'image de soi, de relation à son propre corps, dont souffrirait 13% de la population. Un trouble que les spécialistes pensent dû à une combinaison de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux, parmi lesquelles le culte de la minceur et la lecture de la presse féminine qui donne «le sentiment d’être nulle, triste, moche, et jamais à la hauteur». Même quand on n’a pas de poids à perdre d’un point de vue purement médical.

Je pèse 49kg pour 1,64m. Je suis physiologiquement mince, voire très mince, mais j’ai de la cellulite, des vergetures, et une culotte de cheval que je tolère la plupart du temps. Et je me trouve dégueulasse quand j’aperçois en une de «Elle» une mannequin prépubère et dénutrie floqué de la mention «objectif maillot». Car il ne faut pas être que mince, il faut être bien foutue, tonique, avoir la peau ferme, bronzée, sans capitons, lisse. Rien ne doit dépasser. Et comme aucune femme ne dispose d’un photoshop intégré qui escamoterait toutes les aspérités, cela est physiologiquement impossible.

Mais ces troubles engendrés ne sont rien par rapport à la façon dont la minceur, érigée en modèle, alimente par la même occasion la grossophobie. Si, mincir «c’est pas compliqué», comme l’affirme «Fourchette et bikini», cela revient à décrire les femmes en surpoids comme des feignasses dénuées de volonté et qui feraient mieux de ne pas infliger à autrui la vision d’un corps maltraité. Dans On ne nait pas grosse, Gabrielle Deydier explique parfaitement comment le moindre des actes des gros suscite commentaires, et mauvais traitement. Les gros dérangent et enfoncent les coins du corps parfait sur papier glacé infusé dans nos esprits à longueur de papiers régime.

Cacher les gros

Car ces articles minceur grignotent l’estime de soi de toutes les femmes, mais surtout de celles qui, tout en étant conscientes d’être grosses (car «grosse» n’est pas un gros mot), refusent d’être assignées à résidence et de se cacher. Nous vivons dans un monde, ou une femme en surpoids qui profite de la plage et poste la photo sur les réseaux sociaux en maillot se fait insulter. C’est quoi notre problème???

La presse féminine est l'un des grands artisans de ce bodyshaming, elle prétend établir les normes, ce qui est joli, ce qui est laid. Et autorise par là même, les gens à sanctionner ceux qui débordent de ces standards.

Dans un monde parfait, la question ne devrait pas être «comment être baisable en bikini?» mais «suis-je en bonne santé?»

Pourtant, avant d’être une question esthétique le poids est avant tout de l’ordre de la santé. Dans un monde parfait, la question ne devrait pas être «comment être baisable en bikini?» mais «suis-je en bonne santé?». Or, la presse féminine a volontairement flouté les lignes. Et assimilé la minceur à la vigueur et à la jouissance (toutes ces photos de femmes qui rient à gorge déployée devant un bol de roquette), le surpoids à la maladie et au mal-être. En faisant fi de tout ce que la science s’évertue à nous inculquer: à savoir, que les régimes, les restrictions, nous nuisent.

Mettre la population en danger

L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail) alerte régulièrement sur les conséquences des régimes amaigrissants vantés à longueur de magazine:

«Les dangers peuvent aller du simple inconfort, des troubles digestifs, jusqu'à des effets plus sévères, lorsque les régimes sont très déséquilibrés: ostéoporose avec risques de fractures, fonte musculaire, insuffisance rénale. Donc des dangers assez variés», expliquait son directeur général adjoint.

Les régimes sont aussi précisément ce qui peuvent engendrer le surpoids et donc d'éventuels problèmes de santé, car après un régime, on regrossit toujours. «La restriction calorique et la frustration alimentaire ne sont pas tenables à long terme» nous confiait la docteure Chantal Julia pour notre premier article anti-régime. «À partir du moment où le régime génère une frustration, il peut créer des compulsions alimentaires et davantage de rebond pondéral».

A ces conséquences physiologiques s’ajoute donc le sentiment d’échec. Mathilde, 27 ans, en a fait l’amère expérience:

«J'ai fait le régime clémentine, celui où tu bouffes que des clémentines pendant 3 ou 4 jours. C'était nul, j'ai du perdre 2kg que j'ai repris dès que j'ai remangé normalement. J'ai fait le régime soupe au choux où tu bouffes de la soupe aux choux pendant une semaine, bon alors tu perds du poids, tu fais pipi/caca 200x par jour et tu n'as aucune énergie. J'ai tenté un régime aussi où pendant une semaine tu manges zéro sucre, c'était affreux et j'ai pris du poids. Fut une époque où tu m'aurais dit "si tu bois de l'eau par les oreilles pendant 4j tu vas perdre du poids" je l'aurais fait. Les conséquences physiques sont inexistantes à long terme, au mieux tu reprends les 2kg perdus, au pire tu en prends 3 de plus car la vie est une chienne. Psychologiquement par contre c'est pas pareil, en plus de te sentir comme une merde car tu manges rien tu te sens ENCORE PLUS minable après car tu as repris du poids, tu es donc vraiment un échec total. C'est désastreux».

Malgré tous les témoignages de femmes, et les alertes des instances scientifiques, la presse féminine continue pourtant à nous refourguer du «régime miracle» et des programmes pour maigrir en cinq jours. CINQ JOURS. Et a régulièrement recours à des médecins nutritionnistes qu’on qualifiera pudiquement de problématiques, à l’image du très médiatique Jean-Michel Cohen, squatteur de presse féminine, et interdit d’exercer la médecine pendant un an pour le caractère publicitaire de sa collaboration avec le site internet «Savoir maigrir». Sans même parler du professeur Dukan, aujourd’hui radié de l’ordre des médecins, qui rappelons-le voulait attribuer des points supplémentaires au bac pour les élèves minces, et dont le régime protéiné est encore vanté par Marie-Claire, en 2017.

«Je me dis que finalement j'ai eu du bol, la même année Elle mettait en avant l'hydrothérapie du côlon qui avait tant aidée Juliette Binoche à maintenir sa silhouette»

Emma, 47 ans

Emma, 47 ans, qui «oscille depuis toujours entre le 40 (famine) et le 44 (à l'aise)», a toqué un jour à la porte d’un nutritionniste, dont Elle avait vanté les qualités.

«Je suis arrivée dans le cabinet du mec qui faisait clairement gourou en smoking (on aurait dit David Copperfield le mari magicien de Claudia Schiffer). (…) Il m'a fait flipper sur ma ménopause [elle avait alors à peine 30 ans, ndla] et ma masse graisseuse, ma santé, mon coeur etc... Il m'a vendu ses sachets protéinés que je devais manger au petit dej, au dîner et au déj une tranche de jambon avec des crudités et un yaourt... C'était dégueulasse mais hyper cher et je n'avais pas un gros salaire à l'époque donc j'étais ultra motivée. J'ai perdu 6 ou 7 kg en 6/8 semaines j'étais hyper contente (et bête). J'ai tout repris dès que j'ai repris une alimentation normale. Je me dis que finalement j'ai eu du bol, j'ai perdu des thunes mais la même année Elle mettait en avant l'hydrothérapie du côlon qui avait tant aidée Juliette Binoche à maintenir sa silhouette...»

Au cas où cette histoire d'hydrothérapie du côlon vous brancherait, lisez Edzard Ernst, spécialiste de médecine complémentaire à la Peninsula Medical School d’ExeterMichel qui explique que la pratique est obsolète et potentiellement dangereuse.

Money money money

Pourquoi la presse féminine continue-t-elle à nous refourguer des mono-diètes, des crèmes qui raffermissent le cul pendant qu’on dort, et des nouveaux complexes? (car mesdames, les bras, c’est le nouveau décolleté)?

Et ben pour le blé, pardi. Et elle ne s’en cache pas. Interrogée par le JT de France 2 en 2015, Bénédicte Aubry, rédactrice en chef adjointe de Femme actuelle expliquait dans le plus grand calme: «On sait que naturellement, les sujets minceur font 5% à 10% de vente en plus. Et quand on assortit ça de pubs TV, les ventes grimpent à +25% ou +30%». Et précisait à propos du régime «maigrir en 3 semaines» du numéro d’avril:

«On ne maigrit pas en une semaine. Comme on est dans une logique d'accompagnement des femmes, on leur tient la main pendant trois semaines. En espérant qu'elles achètent les trois numéros bien sûr».

C’est parce qu’elle «nous tient par la main» que, sur un numéro de Marie-Claire, par exemple, la pub représente pas loin de 40% du contenu. Et que quand Grazia.fr préconise de faire du sport parce que «L'été, c'était bien joli, mais maintenant il va falloir se remuer le popotin», c’est pour vanter des vêtements de sport avec lien vers les eshop des marques citées. Le seul credo: vendre. «Si on te dit: "Tout va bien, tu es bien comme tu es", tu n'as plus de raison de vouloir acheter quoi que ce soit pour te perfectionner. Or, c'est quand même le but...», a confié une journaliste beauté au magazine Marianne, sous couvert d’anonymat (tu m’étonnes).

«Empowerment»

Et si les femmes étaient encouragées à maigrir avant l’été pour être bien dans leurs pompes? Si la presse féminine n'avait en fait que le bonheur et l'épanouissement des lectrices en tête?

LOL. NOPE.

Il s’agit pour les femmes d’être sexuellement désirable. «Les magazines féminins, tout en proclamant à longueur de colonnes que ­l’essentiel est d’être “soi-même, rayonnante, lumineuse, épanouie…”, continuent d’imposer une image du corps féminin qui convient avant tout au regard masculin», analyse l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe. Le bien-être et la confiance en soi ne sont que des alibis. Car la presse féminine a une nouvelle marotte: l’empowerment.

Sur une même couverture de magazine, on peut voir un titre appelant à jeuner 48h ET un article appelant à «assumer ses rondeurs».

On peut voir une invitation à muscler et raffermir ses bras parce que même vos bras doivent être sexys, et une question qui déplore l'anorexie des ados

Hé ouais. Le Body Positive, c’est le nouveau noir. Parce que la presse féminine n’est plus à une contradiction près et parce qu’à bien y regarder, dire aux femmes qu’elles doivent «s’accepter comme elles sont» (et se tenir la main nues, dans un champ de coquelicots) n’est rien d’autre qu’une nouvelle injonction.

Sur Twitter, si vous vous plaignez de notre silhouette, il se trouvera toujours quelqu’un qui, avec les meilleures intentions du monde vous rétorquera que, si si vous êtes belles comme vous êtes et vous devriez vous ACCEPTER. Même si on sait pas très bien comment faire pour s’accepter: faut-il se concentrer très fort et se répéter «je suis belle, je suis belle, je suis belle» en se balançant d’avant en arrière? Faut-il postuler à un casting pour le nouveau gel douche Dove?

Mathilde, elle, n’est pas dupe:

«J'ai pas envie de lire dans Glamour ou Cosmo des articles pour dire "en 2018, enfin on s'accepte". Non merci, on efface pas 40 ans de grossophobie parce que ça fait bien d'être (un peu) féministe. (…). Ça reste une injonction, et c'est vraiment l'archétype de l'injonction paradoxale, car avant de trouver ça sur des blogs de meufs body positive et tout (dont les intentions sont louables et qui donnent des pistes pour effectivement apprendre à s'aimer) on trouve ça depuis des dizaines d'années chez Glamour et Cosmo, "Cette année, c'est l'année du moi", "on s'assume", "Comment tomber amoureuse de soi ?", c'est vraiment du bullshit classique et de leur part, c'est une injonction hypocrite as fuck.

Même si Gigi Hadid est superbe, ça me fait marrer quand elle porte son ptit t-shirt "love yourself" de même quand des marques qui s'arrêtent au 42 ont des messages féministes, self acceptance. C'est une logique marketing bien crade "aime toi mais dans le respect de nos tailles stp"».

«Bah t’as qu’à pas l’acheter»

Enfin, critiquer un tant soit peu la presse féminine, c’est s’exposer à un argument supposément définitif: «bah t’as qu’à pas l’acheter»

Alors, 1: merci Sherlock. 2. Dire aux femmes qu’après tout ce sont elles qui sont un peu connes pour s’abreuver de ces magazines, c’est vraiment pile ce qu’on veut entendre hein.

Bien sûr, on n'est pas obligées de les lire. Et bien sûr, il y a quelque chose de masochiste dans le fait de continuer à le faire (ce qui m’arrive personnellement une à deux fois dans le mois). Mais c’est tout aussi crétin de dire que cette presse n’est dangereuse que pour ses lectrices que de dire à ceux qui dénoncent l’homophobie chez Cyril hanouna n’ont qu’à changer de chaine.

La presse féminine est son obsession pour les régimes est dangereuse en soi. Pas en fonction de son audience. D’ailleurs, pas la peine d’acheter Elle pour être matraquée par ses couvs. Passer devant un kiosque suffit à être imprégnée de cette image idéalisée du corps féminin. Les diktats ne disparaissent pas une fois un magazine fermé et jeté dans la poubelle jaune. Ils s’immiscent partout, même quand on n'a rien demandé.

En outre, si Elle, Glamour, & co cessaient subitement d’être irresponsables et superficielles, ça ne règlerait pas le problème pour autant. Certains blogs et comptes instagram ayant pris le relais avec, en plus, une dimension de proximité, plus dangereuse encore. Qu’une rédactrice beauté me dise que mes bras sont moches c’est une chose, quand c’est une fille de mon âge, qui raconte sa «morning routine», son «body challenge» en faisant le V de la victoire avec les doigts, debout sur son stepper offert après un post sponsorisé, c’est encore plus vicieux. C’est également ce qu’a constaté Mathilde:

«Quand on lit un magazine, on se dit toujours que c'est pas la vraie vie, on parle toujours de "meufs de magazines", de photos ultra retouchées, de fringues absolument inaccessibles et surtout des parisiennes. Mais les meufs d'instagram (et je les blâme pas en tant qu'individus, c'est un problème de meufs qui ont intégré les codes sexistes), ce sont des Madame Martin, c'est ta voisine qui a un gamin, habite pas à Paris, elle passe l'aspi et elle trouve quand même le temps de faire un régime riche en fibres et courir 50km/semaine. (…) J’ai envie qu'on laisse les meufs manger ce qu'elles veulent quand elles veulent et qu'on leur laisse le droit d'être comme elles ont envie d'être. Malheureusement, ça rapporte pas de thune».

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