France

La plus grande personne de France vient de mourir

Temps de lecture : 2 min

Simone Veil s'est éteinte ce vendredi 30 juin. Hommage à cette figure juive, féministe, européenne, centriste en attendant celui, national, qui lui sera rendu par le président mercredi après-midi aux invalides.

KENZO TRIBOUILLARD / AFP
KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Comme toujours, l’histoire a ses facéties. La plus grande personne de France vient de mourir, le personnage le plus digne, il n’en est pas d’autre vivante de sa hauteur, au moment où tout ce qu’elle représentait, ce pourquoi elle avait combattu revient, au-devant de l’actualité, d’un côté avec tristesse, de l’autre avec joie.

Juive, féministe, européenne et centriste, Simone Veil était les quatre en plus d’être et une mère attentionnée et une épouse attentive d’Antoine, son mari parti il y a quatre ans, infatigable combattant de l’amitié franco-allemande, mon ami.

Juive, elle l’a payé par l’étoile, l’extermination de son père et de son frère, les camps, la mort de sa mère. À un moment où la religion redevient une source de guerres, de morts et de haines, la paix qu’elle avait su faire en elle de toute les horreurs qu’elle traversa, manque. Quand aujourd’hui, certains ont la rage aux lèvres et au cœur, elle montrait, elle, comme la vraie force de l’âme est la sagesse. Elle manque.

Féministe, je n’insiste pas, d’autres le font très bien sur Slate. Simplement pour dire combien le combat féministe a changé depuis un demi-siècle à tel point que les militant(e)s d’hier ont bien du mal à comprendre celles d’aujourd’hui. Mais à l’heure, là encore, où réapparaissent nombre de violences machistes, où le sexe féminin est marchandisé comme jamais via la publicité ou la culture, où un homme connu pour son sexisme est à la Maison-Blanche, il est bon et sage de se replonger dans les combats du féminisme primitif pour le droit à son corps et à l’égalité élémentaire. Bref, elle manque.

La revanche de l'Europe et du centre

Voilà pour la tristesse. La joie vient, c’est inattendu, de la politique. Simone Veil a été, il y a vingt-huit ans, la première présidente du parlement européen. Elle était une européenne convaincue, et comme son mari, je l’ai dit, une partisane de l’axe franco-allemand. Voilà, en 2017, que l’Europe après un long hiver, se replace au centre du jeu mondial. Le monde anglo-saxon s’acharne à décliner, la Chine ne sait pas jouer international, les pays émergents ont replongé dans la corruption ou autres travers, seule l’Europe retrouve les rayons du printemps. Du moins peut-elle le faire si elle ne rate pas le rendez-vous. Simone Veil manque encore pour montrer que les valeurs de l’Europe, l’humanisme, la démocratie, le libéralisme tempéré, sont d’avenir et non pas du passé. Les Européens continentaux ont la sagesse de dire «non» aux bêtises populistes en Autriche, aux Pays-Bas, en France. Emmanuel Macron s’inscrit dans la ligne Veil.

Dans la ligne centriste aussi. C’est le bouquet du paradoxe: le centrisme que, ministre de VGE, Simone Veil a incarné et qui fût constamment défait par la droite traditionnelle chiraquienne, est entré à l’Elysée. Victoire posthume, hélas, mais magnifique victoire. Simone Veil était l’inverse d’un centre mou, elle avait des angles, elle avait un très vif caractère, une volonté inflexible. Ce fut sa faiblesse quand la politique demandait de s’avachir. C’est sur sa force que la France peut aujourd’hui s’appuyer.

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