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Voici les secrets du succès italien dans la lutte antiterroriste

Temps de lecture : 2 min

Contrairement aux autres États européens, l'Italie échappe pour l'instant aux attaques terroristes sur son sol. Les spécialistes jugent que le pays a su tirer les leçons de la lutte contre le crime organisé.

La police italienne entrain de boucler un site où un chef de la mafia a été abattu. 22 mai 2017. Palerme. Alessandro Fucarini/ AFP
La police italienne entrain de boucler un site où un chef de la mafia a été abattu. 22 mai 2017. Palerme. Alessandro Fucarini/ AFP

Les semaines qui ont suivi l'attentat du 3 juin 2017 à Londres ont révélé d'importantes différences d'approches entre les services secrets transalpins et leurs homologues britanniques en matière de lutte antiterroriste. Notamment en ce qui concerne un des trois auteurs de l'attaque du pont de Londres: Youssef Zaghba, un Italo-Marocain âgé de 22 ans.

D'après le Guardian, à chaque fois que Zaghba rentrait chez lui à Bologne, il y avait toujours un policier qui l'attendait à l'aéroport. Il était étroitement surveillé par les services italiens. «Le policier discutait avec lui et lui rendait régulièrement visite pendant son séjour, confie sa mère. Il était très amical avec Youssef. Il lui disait: “Hé, Youssef mon fils, qu'est-ce que tu fais là? Comment vas-tu?”»

En revanche, une fois à Londres, il semblait totalement libre de ses mouvements. D'après sa mère, Zaghba n'y a jamais été arrêté ni même interrogé. Pourtant, les services italiens avaient prévenu les Britanniques de la menace potentielle qu'il pouvait représenter.

Très peu d'immigrés radicalisés

Si l'Italie a eu son lot de violence dans les années 1980 et 1990, depuis mai et juin 1992 et l'assassinat des juges antimafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, le pays n'a presque plus connu d'attentats. Simple question de chance ou existe-il une méthode à l'italienne?

Pour Francesca Galli, enseignante à l'université de Maastricht et experte en politique de lutte contre le terrorisme «l'Italie a très peu d'immigrés de deuxième génération qui ont été radicalisés ou qui pourraient l'être.» Les autorités se focalisent donc davantage sur des non Italiens facilement expulsables du territoire.

Depuis le début de l'année, 135 personnes l'ont été. Ce nombre très réduit de jeunes radicalisés, à l'opposé de la Belgique, de la France et du Royaume-Uni, facilite leur étroite surveillance. «La surveillance étroite d'une personne requiert environ une vingtaine de policiers, explique Francesca Galli. Moins il y a de suspects, plus cela devient facile. »

Une parfaite maîtrise des arsénaux juridiques et des méthodes policières

L'Italie a su tirer les leçons de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme de gauche. Comme le souligne Giampiero Massolo, ancien directeur des services de renseignement, «il n'y a pas de méthode italienne. Nous avons compris la nécessité d'allier intelligence numérique et renseignement humain car la prévention est essentielle dans la lutte antiterroriste.»

L'absence de banlieues, contrairement à la France, et la prédominance des villes petites et moyennes facilitent un tel travail. Les autorités peuvent facilement intercepter des appels sur la base de simples suspicions et les utiliser comme preuve durant un procès. Ce qui n'est pas le cas au Royaume-Uni où le droit est beaucoup plus rigide.

Condamnée en 2013 par la Cour européenne des droits de l'homme pour ses conditions carcérales, l'Italie a pris des mesures pour améliorer la situation. Les autorités reconnaissent ainsi le danger de garder de présumés terroristes en prison, lieu privilégié pour développer les réseaux criminels. Tout comme jadis avec les repentis de la mafia, elles préfèrent passer des marchés avec les présumés djihadistes pour les inciter à coopérer. Pour autant, le cas Zaghba et l'incident de Milan dans lequel un soldat et un policier ont été poignardés par un Italien d'origine nord-africaine montrent bien que la menace n'est pas si loin.

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