France

Le compost politique

Temps de lecture : 4 min

Une nouvelle Assemblée. Un nouveau gouvernement. Un nouveau paysage politique chamboulé. La twittosphère cherche du sens aux évènements politiques que nous venons de vivre.

365/66 California Compost / mjmonty, via Flickr CC License by
365/66 California Compost / mjmonty, via Flickr CC License by

Contenu partenaire - Raz de marée, tsunami législatif, puis remaniement, de technique à politique, l’actualité post-électorale a donné à Twitter un intarissable sujet de conversation. Un nouveau gouvernement sur fond d’affaires et de démissions, une Assemblée nationale qui s’effrite en une myriade de tendances, le tout sous une chaleur accablante, autant d’ingrédients pour mettre les twittos en émoi.

Une assemblée éparpillée façon puzzle

Au sortir du 2e tour des élections législatives, le visage de l’assemblée nationale est métamorphosé. Avec 308 députés pour LREM (parti créé en avril 2016), 112 pour Les Républicains (185 en 2012), 46 pour le Modem (contre 1 en 2012), 30 pour le Parti Socialiste (contre 258 en 2012), 17 pour la France Insoumise (parti crée en février 2016), 10 pour le Parti Communiste et 8 pour le Front National (2 en 2012), les équilibres traditionnels entre gauche et droite sont rompus. «Le PS en ruine, LR mal en point et le Modem explosé», tel pourrait être le résumé de la situation.

Cette décomposition des partis historiques n’était cependant pas si évidente quand on regarde les résultats aux précédentes législatives de candidats aujourd’hui estampillés En Marche. «Incroyable l’effet que peut produire une photo avec Macron pour des candidats qui essaient de se faire élire depuis dix ans». Si pour le Premier Ministre «la recomposition politique a été validée par les Français aux législatives» on peut y voir aujourd’hui plus une décomposition qu’une recomposition.

Les forces en présence au lieu de s’agglomérer pour peser face à la majorité présidentielle, s’émiettent. Scission à droite: pour le député Thierry Solère «il faut être beaucoup plus constructif» d’où la création d’un groupe parlementaire autonome et indépendant de LR. Incompatibilité à gauche: «il n’y aura pas de groupe commun entre le #PCF et LFI». Bref, ça décompose, ça ventile façon puzzle au Palais Bourbon. Cela faisait soixante ans qu’on n’avait pas vu ça. «Sept groupes parlementaires, un record depuis 1958!». Sachant que ces entités ne reflètent pas, et c’est une première, les résultats des élections et des alliances habituelles. Eminemment importants pour exister lors des débats et des commissions comme le rappellent les Décodeurs, les groupes parlementaires dont le FN est encore privé, synthétisent les nouveaux enjeux de ce mandat hors du commun.

Les tensions au sein d’une droite déjà fragilisée par une présidentielle assassine sont exacerbées et la rendent peu encline à digérer cette prise de distance des «constructifs». «Le groupe des opportunistes sans conviction» pour Éric Ciotti, «les constructifs, ça sonne mieux que les collabos mais c’est le même objectif» ou encore «des députés élus qui trahissent leurs électeurs» selon Rachida Dati. Autant de petites phrases qui donnent une idée de l’ambiance au sein du parti. Seuls les «prises» de Macron entrées au gouvernement soutiennent l’initiative des constructifs comme Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, qui loue l’«esprit de responsabilité et le courage de ces députés frondeurs».

On l’aura compris, l’Assemblée nationale entre dans une période sans doute instable. Ironie du sort, le départ de députés non reconduits est tellement massif «que leur fond de chômage est menacé de faillite!».

Un gouvernement épuré

On le savait, les élections législatives devaient entrainer un remaniement technique à la marge du gouvernement d’Edouard Philippe. Mais c’était sans compter avec les affaires! Richard Ferrand empêtré dans une histoire immobilière obscure, les ministres Modem englués dans une enquête préliminaire autour d’emplois fictifs au Parlement Européen, il n’en a pas fallu plus pour que le président en pleine préparation de sa loi sur la moralisation politique sorte le balai. Ferrand évacué vers l’assemblée, ce qui interpelle le journaliste Jean-Michel Aphatie qui se demande si on observe le «nouveau monde ou une vieille combine», Goulard démissionnaire, tout comme le fraichement nommé garde des Sceaux François Bayrou et la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez, le Modem est au tapis.

Alors qu’il avait «trois ministères importants, il se retrouve avec deux secrétariats d’état anecdotiques». Certains twittos y voient même un coup politique de Macron qui «aura mis trois semaines avec le Modem là où Mitterrand avait mis trois ans pour se débarrasser de ses alliés communistes au gouvernement». La décomposition qui touche l’assemblée se répercute aussi au gouvernement qui n’aura tenu sous sa forme initiale que «45 jours». Si 59% des Français semblent satisfaits de ces nouvelles nominations, on peut rester perplexe face à ce gouvernement «dont les trois-quart des ministres sont des inconnus» du grand public. Pour Edouard Philippe, le cap est maintenu puisque «ce remaniement s’inscrit dans le même esprit que le premier gouvernement: parité homme/femme, société civile, renouvellement» et qu’il prouve le virage voulu par Macron, car «il y a un an, personne n’aurait imaginé un tel renouvellement politique».

Coup de chaud

Qu’il s’agisse de l’opération communication, séduction, provocation de Jean-Luc Mélenchon entrant à l’Assemblée nationale et prêtant sa cravate à son acolyte Corbière ou le sort qui s’acharne sur Manuel Valls, dont la place dans l’hémicycle, «au milieu des Communistes et de la France Insoumise» risque d’être le sujet de quelques dérapages risibles, cette semaine politique n’a pas échappé à la sagacité drolatique des twittos.

Tandis que la canicule frappe le pays, nombreux sont ceux à avoir imaginé les raisons d’une telle chaleur. «Hollande, pluie. Macron, canicule. Belle alternance!» ou encore «François, ça suffit! rend la pluie!», un clin d’œil aux trombes d’eau que l’ancien président a affronté tout au long de son mandat.

Mais la météo n’est pas la seule bonne blague à avoir inspiré Twitter. La naissance des constructifs n’a laissé personne indifférent: «Très joli ce mot de la langue française mais pour le coup «tructifs» est de trop» ou encore les constructifs «devraient s’appeler l’ordre du temple Solère: un nom parfait pour un suicide collectif!»

Si l’assemblée a inspiré les commentaires en tous genres, le remaniement a lui aussi alimenté nombre de conversations, autant sur le caractère inconnu des nouveaux ministres («à espérer qu’ils le soient aussi des juges») que sur l’éviction rapide des Modem, certains twittos pointant la causticité de ce «calendrier de l’Avent» politique. Mais comme le note Le Con qui ose tout sur son compte Twitter: «les gens ont voté En Marche parce que c’est nouveau. Attention, nouveau ne veut pas dire utile. Exemple le handspinner, c’est nouveau». Finalement, entre décomposition et recomposition, Macron a peut-être déjà trouvé une troisième voie: celle de la communication.

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