Tout s'est passé très rapidement à la sortie de la mosquée de Finsbury Park, dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 juin, juste après la prière de fin de journée de Ramadan et avant un autre service qui devait avoir lieu à une heure du matin. Alors que la foule sortait dans la rue, une camionnette blanche est montée sur le trottoir pour renverser un groupe de passants, dont certains sortaient du lieu de culte, la Muslim Welfare House. Une personne a été tuée et au moins dix personnes ont été blessées.
Un homme de 48 ans, qui conduisait la camionnette, aurait hurlé «Je veux tuer des musulmans» avant d'être stoppé par les passants et arrêté par la police. Comme l'a relevé Le Monde, le maire de Londres Sadiq Khan a dénoncé une «attaque terroriste horrible» et le Conseil musulman de Grande-Bretagne a estimé qu'il s'agissait d'une «manifestation violente d'islamophobie». Très vite, certains médias et internautes ont rappelé les liens entre la mosquée et l'ancien imam radical Abu Hamza dans les années 1990 (et ce même si, depuis, les nouveaux dirigeants du lieu de culte ont juré de combattre toute forme d'extrêmisme).
Diaspara algérienne, classe ouvrière et temple rock
C'est pour cette raison que le Guardian a décidé de raconter un peu la véritable l'histoire du quartier visé, Finsbury Park, d'où vient le membre du Parlement Jeremy Corbyn tout juste élu avec une écrasante majorité. «C'est le lieu d'une stupéfiante variété de nationalités et même s'il est sous le coup d'une forte gentrification (un théâtre a ouvert ces dernières années il y a un nouveau Pret à manger), il est habité par des personnes de tous les horizons et conserve une vraie classe ouvrière.»
Mais le Guardian insiste aussi sur l'histoire riche du quartier. En plus d'être connu pour héberger le club d'Arsenal, le quartier est le centre de la population algérienne. Il suffit que les Gunners jouent pour que les rues soient envahies de télévisions et de fans. Par le passé, des immigrants irlandais ont imposé leurs marques et laissé derrière eux un bon nombre de pubs nommés d'après des chaînes de montagnes (The Twelve Pins) ou des chansons folkloriques («The Auld Triangle»).
Et c'est en face de la mosquée visée que se trouvait le Rainbow Theatre. Avant qu'il ne soit transformé en église pentecôtiste, «ce haut lieu du rock a accueilli quelques-uns des plus grands noms de la musique, notamment The Who, Pink Floyd, David Bowie (sur la tournée Ziggy) et Bob Marley.» Voici ce qu'est vraiment Finsbury Park, l'un des quartiers les plus cosmopolites et importants de la capitale anglaise.