C’est un raz de marée, un tsunami politique. Emmanuel Macron va se retrouver avec une majorité à l’assemblée plus confortable que mon pyjama.
En fait, LREM a recueilli 7.323.026 voix. En 2012, au premier tour des législatives, le PS avait eu 8.928.779 voix. Et l’UMP en 2007, 11.860.600 voix, soit plus de quatre millions de voix de plus que LREM cette année. Certains qualifient cela de «bémol», mais franchement, j'y vois quand même une très grosse différence.
Et pourtant la majorité présidentielle aura a priori une majorité historique, parce qu’on applique une très faible dose de proportionnelle mais surtout parce que les électeurs ont encore moins voté pour les autres partis. En 2007, l’abstention au premier tour des élections législatives avait été de 39,58% contre 51,29% cette année.
Ce qui est marrant avec l’abstention, c’est qu’elle présente bien le paradoxe du verre d’eau. On peut en proposer simultanément deux interprétations contraires. À la fois, ces 51,29 % sont des gens qui ne sont pas venus soutenir le parti présidentiel, c’est une forme de désaveu pour Emmanuel Macron. Mais en même temps (hihihi), ils ne sont pas non plus mobilisés pour faire barrage à la majorité absolue qu’on nous prédisait, ils ne sont pas dits qu’il fallait une opposition à l’assemblée.
Un riquiqui tsunami
Traditionnellement, on ne représente pas l’abstention sur les graphiques. Mais quand elle atteint un taux aussi élevé, l’invisibiliser finit par fausser l’impression générale. Pourquoi est-ce qu’on ne calculerait pas aussi en prenant comme base le nombre total d’inscrits sur les listes électorales? Ça permet d’inclure les abstentionnistes et les votes blancs.
Parce que les élections, ce n'est pas un jeu de société dans lequel celui qui refuse de jouer est exclu. L’abstention, c’est aussi un rapport de force signifiant, surtout quand elle atteint des scores pareils. Dimanche soir, on a beaucoup entendu «oh, regardez, le chiffre le plus important de cette élection, c’est l’abstention». Puis «maintenant observons les résultats en pourcentage sans compter cette abstention».
Du coup, j’ai recalculé et voici ce que ça donne en pourcentage des inscrits:
LREM + Modem: 15,39%
LR + UDI: 8,9%
FN: 6,2%
FI: 5,2%
PS + DVG + PRG: 4,5%
Et ouais. 15,39 % du corps électoral français a choisi la majorité présidentielle. 4,5 % du corps électoral français a choisi le PS (ou ses alliés). Un riquiqui tsunami. Forte de mes souvenirs de classe de 5e, je me suis lancée dans une visualisation avec mes petites mains:
En jaune les non-choisissants, en violet LREM, bleu LR/UDI, bleu foncé FN, rouge France Insoumise, rose PS et alliés. Ça relativise un peu l'effet tsunami. Mais pour rappel, les projections actuelles de sièges à l’assemblée:
Ce texte est paru dans la newsletter hebdomadaire de Titiou Lecoq. Pour vous abonner c'est ici. Pour la lire en entier: