«L’iPhone est responsable de mon divorce», a confié Andy Grignon, ingénieur d’Apple, à Brian Merchant. Pour fêter les 10 ans de l’iPhone, ce dernier a enquêté sur ses origines cachées. Dans un livre intitulé The One Device: The Secret History of the iPhone, publié le 20 juin aux États-Unis, il retrace le parcours chaotique qui a conduit à l’invention du plus célèbre des smartphones.
Dans un article approuvé par l’auteur, The Verge a remanié quelques extraits du livre pour en extraire la genèse de l’iPhone au sein d’Apple. Et voici ce qu’on y apprend.
Thrilled to see this excerpt of the One Device get the @Verge treatment: https://t.co/IPNJzQg6zE Killer art & presentation.
— Brian Merchant (@bcmerchant) 13 juin 2017
«Il faudra me passer sur le corps pour installer iTunes sur un PC.» Les ventes d’iPod n’avaient pas encore explosé lorsque Steve Jobs prononçait ces mots devant l'un des ingénieurs de son équipe. Deux ans plus tard, «il s’est réveillé», se réjouit ce même ingénieur. C’est l’iPod qui a relancé la réputation d’Apple et a permis à l’iPhone de naître.
L’idée de base était d’inclure iTunes à un téléphone classique. Mais quand ce projet aboutit avec l'aide de Motorola, Apple travaillait déjà à l’iPhone. Tout comme iTunes pour Windows, Steve Jobs a cédé aux pressions de ses employés qui démontaient ses deux arguments principaux: le problème des fournisseurs d’accès au réseau, mais surtout celui de la cible: l'entrepreneur était persuadé que les smartphones seraient un «truc de ringard».
À Apple, personne n’aimait les téléphones. Mais finalement, la devise de l’entreprise n’était-elle pas de rendre simple d’utilisation les technologies détestées par les utilisateurs comme elle l’avait fait avec les ordinateurs et les baladeurs-mp3? «Nous sommes les meilleurs quand il s’agit d’améliorer ce que les gens détestent», a expliqué un cadre d’Apple chargé du Human Interface Group.
Plein de petites idées
Face aux réticences de Steve Jobs, des groupes de développeurs prennent l’initiative. «Pourquoi ne pas mettre du wi-fi sur les iPod?» «Bullshit, répond le boss, ça ne va pas marcher.» Mais face à la croissance exponentielle du marché des téléphones, il cède. Au bout de quelques semaines, il s’énerve et pose un ultimatum: il veut une histoire, une expérience utilisateur unique à vendre.
«Ce qu’on avait ressemblait à des tapas: plein de petites idées mises ensemble. Jobs voulait le menu entier», raconte un employé. Deux semaines plus tard, ils aboutissent à une première démo, à l’aide d’iPhone en bois et de schémas sur des tableaux véléda. Jobs est emballé. Il enferme développeurs, designers, ingénieurs pendant des mois dans des salles hyper-sécurisées, sans fenêtres, pour éviter les fuites. «Les équipes de ménage n’étaient même pas autorisées à rentrer», raconte un ingénieur.
Plus l’outil est simple d’utilisation, plus il est compliqué à construire. Résultat, les ingénieurs dorment à l’hôtel et l’étage dédié à l’iPhone est renommé le «dortoir violet», «parce qu’on y restait parfois la nuit», et violet pour le nom de l’opération iPhone au sein de l’entreprise.
Guerre des clans: iPod Phone et OS X Phone
Deux équipes d'Apple s’opposent: les partisans de l’iPod, qui préconisent d’utiliser Linux et veulent un bouton unique circulaire similaire à celui des baladeurs; et les partisans de l’OS X installé sur les Mac, adapté au format téléphone, avec un écran tactile.
Peu à peu, c’est cette deuxième option qui est privilégié et les deux équipes finissent par travailler ensemble pour une sortie en 2007. «On créait une cocotte-minute, se souvient un ingénieur. Nous étions une équipe de gens très intelligents qui devaient faire face à un deadline impossible à tenir, une mission impossible et on nous disait que le futur de l’entreprise reposait entièrement sur nous.»
En dix ans, Apple a vendu près d’un milliard d’iPhone. L’équipe d’ingénieurs a fait plus qu’assurer le futur de l’entreprise: elle lui a donné une place parmi les producteurs de téléphones les plus influents du monde.