Difficile de décrire le spécimen. Étrange mélange entre une langue de bœuf et le monstre des films Alien, le visqueux poisson «sans visage» n'en reste pas moins un être fascinant. Sur son site, le Guardian explique que ce poisson, mesurant quarante centimètres, a été redécouvert par des scientifiques du musée Victoria dans les profondeurs de l'océan, au large de la côte est australienne. La mission qui regroupait une vingtaine de chercheurs consistait à extraire, dans les abysses, différentes sortes d'animaux et de sédiments rares.
Ce qui rend tout cela extraordinaire, c'est que la dernière fois que l'homme avait aperçu ce poisson, c'était en 1873, lorsqu'un vaisseau britannique l'a pêché près de la Nouvelle-Guinée. Tim O'Hara, le scientifique qui est tombé sur le spécimen, a expliqué au journal que «le petit poisson est merveilleux parce que la bouche est en réalité située à l'arrière de l'animal, donc, quand on le regarde sur le côté, on ne voit aucun œil, aucun nez, aucune branchie, aucune bouche. On dirait qu'il s'agit d'un derrière de chaque côté.»
Deux cents ans de détritus
Mais même au-delà de cet étrange espèce, la mission est un succès important car elle a permis de découvrir de nombreuses espèces jusque-là inconnues, et pas seulement des crabes rouges brillants, des étoiles de mer bioluminescentes, des géantes araignées de mer.
«Les experts me disent qu'environ un tiers des spécimens que l'on a pêchés sont totalement nouveaux pour la science. Ils ne sont pas tous aussi spectaculaires que le poisson sans visage, mais il y a beaucoup de puces de mer, de vers et de crabes et d'autres choses qui sont nouvelles et que l'on n'a jamais vues auparavant.»
Plus triste, cette «pêche» scientifique a permis aussi d'exhumer de nombreux détritus d'origine humaines. Plus que le charbon jeté à l'époque il y a plusieurs décennies, ils ont retrouvé aussi des canettes de peinture et des tubes en PVC. «C'est assez dingue, conclut le chercheur. On est au milieu de nulle part et pourtant le fond de l'océan est recouvert par deux cents ans de détritus.»