Les utilisateurs d'Instagram le savent bien: la nourriture a une place toute particulière sur ce célèbre réseau social de partage de photos. Des plats, des recettes, des photos de restaurants... La gastronomie, au sens large, est un élément indissociable de l'univers d'Instagram, à tel point que des chercheurs se sont mis en tête d'étudier ce phénomène, à la fois nouveau et d'une ampleur inédite.
Ces dernières années, on a ainsi appris qu'Instagram pourrait bien couper l'appétit de ses utilisateurs, qu'Instagram rendrait les plats meilleurs que ce qu'ils sont réellement et que la présentation a parfois autant –si ce n'est plus– d'importance que les saveurs du plat elles-mêmes. Au terme d'une récente étude de plusieurs semaines, publiée en avril 2017, des chercheurs de l'université de Washington étaient ainsi arrivés à la conclusion qu'Instagram pouvait être très utile pour des personnes qui souhaitaient perdre du poids.
Par l'intermédiaire d'un journal de bord alimentaire virtuel (#fooddiary; #foodjournal), les utilisateurs de l'application étudiés pendant l'étude ont ainsi pu mieux se rendre compte de ce qu'ils mangeaient, ont pu trouver un soutien en ligne de la part d'autres utilisateurs et, par la suite, ont pu aider d'autres personnes dans cette démarche.
Tout et son contraire
Mais, pour autant, ce n'est pas aussi simple. Et pour cause, une nouvelle étude, publiée en mai 2017, vient contredire, sinon nuancer, cette théorie. Menée sur 700 internautes et élèves de l'University College de Londres, celle-ci établit un lien direct entre Instagram et des troubles de l'alimentation.
Chez ces personnes utilisant régulièrement la plateforme, la prévalence d'orthorexie –des habitudes et pratiques alimentaires consistant à ne se focaliser que sur une alimentation saine et à rejeter de manière systématique les aliments vus comme malsains ou mauvais pour la santé– était de 49%, contre moins d'1% dans le reste de la population.
Mais alors, comment une simple plateforme sociale peut-elle influencer tout un régime alimentaire. Le magazine Mother Nature Network explique:
«Chaque fois que vous regardez la photo de la nourriture de quelqu'un –surtout si c'est quelqu'un que vous admirez–, cela renforce votre croyance en celle-ci. Vous pouvez alors ainsi vous sentir mal par rapport à ce que vous venez de manger, même si c'était un repas équilibré, parce que ce ne sera pas aussi "parfait" que la photo que vous venez de voir. Manger équilibré est important, mais en être obsédé ne l'est pas.»
Une thérapie par Instagram
Bien qu'Instagram puisse apparaître, dans certains cas, comme le déclencheur des ces troubles alimentaires, le réseau social peut, de manière paradoxale, également être très bénéfique... dans la guérison de ces derniers. Alison Friesen, une nutritionniste canadienne, recommande ainsi à ses patients de s'inscrire et de suivre certains profils qui transmettent une image positive de l'alimentation et du corps, voire même des hashtags thématiques (#edrecovery pour «convalescence des troubles alimentaires» ou encore #edwarriors pour «les guerriers des troubles alimentaires»).
Un moyen de «découvrir des utilisateurs d'Instagram qui ont un objectif commun : celui de partager avec d'autres des informations sur les obstacles rencontrés et leurs réussites associés à leur trouble alimentaire», écrit Radio Canada. En matière d'alimentation et de nutrition, Instagram se montre ainsi riche et très utile, à condition de bien s'en servir.