Nicolas Sarkozy est un grand amateur de vélo. Il l'a encore prouvé jeudi, à la tribune de Copenhague cette fois, en demandant à ce que les négociations sur le climat changent «de braquet». Il y a urgence, a répété le chef de l'Etat : «La conférence de Copenhague ne peut pas consister en une succession de discours qui ne se confrontent jamais. Nous ne sommes pas ici pour un colloque sur le réchauffement climatique, nous sommes ici pour prendre des décisions».
Volontariste comme à l'accoutumée, il a demandé qu'une réunion de travail se tienne en urgence après le dîner avec «les principaux leaders de toutes les régions du monde» pour «enfin négocier sérieusement un texte de compromis». «Il reste moins de 24 heures, si on continue comme ça, c'est l'échec», a prévenu Nicolas Sarkozy.
Le président de la République a demandé aux pays industrialisés, dont l'Europe, de «reconnaître que dans la pollution de la planète leur responsabilité est plus lourde et plus grave que les autres, et que donc leurs engagements doivent être plus forts». Et d'indiquer à tous la voie à suivre : «Les Etats-Unis, première puissance du monde, devront aller au-delà des engagements qu'ils ont annoncés, même si ces engagements sont significatifs». Barack Obama a de son côté indiqué qu'il préférait pas d'accord à un mauvais accord : «revenir avec un accord vide de sens serait bien pire que revenir les mains vides», a expliqué son porte-parole.
La Chine «ne peut pas considérer que la transparence des efforts de chacun soit une remise en cause de la souveraineté de chacun», a poursuivi Nicolas Sarkozy. Les éléments du compromis sont connus, a estimé le président français: «qui osera dire que l'Afrique et les pays les plus pauvres n'ont pas besoin d'une aide immédiate de 10 milliards de dollars pour les trois prochaines années et de 100 milliards à partir de 2020». «Mais je le dis à nos amis africains: si nous n'avons pas d'accord, vous serez les premières victimes».
La réunion est prévue pour se terminer vendredi. Il faudra attendre le dernier moment pour savoir si le volontarisme du président français, qui a laissé sceptique certains observateurs, porte ses fruits et si un accord complet, chiffré et budgété, est possible. Selon Le Monde, qui cite l'AFP et Reuters, deux pistes se dessinent: une prolongation de la conférence, jusqu'à samedi — voire lundi — ou une simple déclaration d'intention des chefs d'Etat et de gouvernement, qui renverrait les décisions concrètes à plus tard, c'est-à-dire à l'occasion de la prochaine conférence sur le climat à Mexico.