Les malchanceux qui habitent sur le trajet du RER A ont peut-être pesté jeudi matin en ouvrant leurs fenêtres: il ne manquait plus que ça! La neige tombe à gros flocons sur Paris depuis 7h du matin. Elle devrait s'accumuler en une couche de 5 centimètres en Ile-de-France, 10 centimètres dans les régions les plus touchées, de la Basse-Normandie au Pas-de-Calais.
Si vous faites partie de ces passionnés qui possèdent une mini-station météo sur leur balcon, vous vous êtes certainement déjà posé la question: comment mesure-t-on les chutes de neige, et ces fameux centimètres de flocons? Tube de recueil sophistiqué, appareil à ultrasons, sonde électronique dernier cri? Vous risquez d'être déçus... La réalité est beaucoup plus simple dans la plupart des stations: l'observateur plante toutes les heures un bon vieux double décimètre dans la neige, sur une «surface plane représentative». Comprenez, le champ voisin ou le toit de l'immeuble, qui ne doit être ni plus ni moins venté que la moyenne des environs.
Sur le site de Météo-France, vous pouvez bien sûr trouver un descriptif des planches à neiges, qui sont destinées à ces mesures basiques: il y en aurait deux pour chaque station de mesure. La première est nettoyée après chaque observation, elle permet de mesurer la hauteur de neige fraîche. La seconde planche n'est pas nettoyée pour noter le cumul de neige. Mais ce protocole n'est pas systématiquement respecté. Les observateurs météo (parfois bénévoles) ont l'habitude de s'adapter...
Les météorologues utilisent également des pluviomètres pour mesurer l'équivalent en hauteur d'eau tombée. Ceux ci se présentent sous la forme de cônes qui captent les précipitations. Ils peuvent être chauffés (l'évaporation pouvant alors conduire à quelques imprécisions) pour obtenir directement de l'eau ou fonctionner à la pesée. Le volume d'eau recueilli correspond en moyenne au dixième du volume de neige tombé, ce ratio variant selon la qualité de la neige.
Il existe enfin d'autres capteurs plus sophistiqués pour mesurer les précipitations solides, notamment dans les 25 stations automatiques du réseau Nivose (celles-ci fonctionnent à haute altitude de manière autonome à l'aide de batteries rechargées par des panneaux solaires, et les informations qu'elles recueillent sont transmises par le satellite Météosat à la base de données météorologiques de Toulouse). Les capteurs Campbell mesurent ainsi l'épaisseur de la couche neigeuse en envoyant des ultra-sons: le temps écoulé entre l'émission et la réception des ultra-sons réfléchis par le sol permet de déterminer la hauteur de neige. Récemment, de nouveaux radars ont également été mis en place (six pour l'instant). Une onde à double polarisation permet de détecter une chute de neige à un endroit donné.
Mais mesurer l'épaisseur de neige est loin d'être le plus palpitant pour les nivologues. Dans les laboratoires comme celui du col de Porte, dans le massif de la Chartreuse, à 20km de Grenoble, des capteurs mesurent le tassement de la neige, sa température, l'écoulement d'eau à sa base, la forme et la taille des cristaux...
Marion Solletty
Remerciements à Jean-Pierre Loiseleur, de la station météorologique de Trappes, et à Christophe Alexandropoulos, de la direction des systèmes d'observation au sol de Météo France.
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Image de une: vache écossaise sous une chute de neige REUTERS/ Tony Marsh