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Le «slacktivisme» n'a rien d'un militantisme superflu ou nocif (bien au contraire)

Temps de lecture : 2 min

L’impact du militantisme virtuel à coups de clics, de pétitions signées, de partages d’images, de photos de profil modifiées, est un sujet qui fait régulièrement polémique, tant parmi les citoyens, les militants que les chercheurs. Un article de MNN tente de faire la part des choses et affirme, sur la base d'études, que cela sert effectivement à quelque chose.

Panneau militant Black lives matter à Columbia Heights, Washington, DC
 | Taaedc via Flickr CC License by

Le chercheur Evgeny Morozov se demandait déjà, en 2009, si le slacktivisme n’allait pas faire plus de mal que de bien en remplaçant les formes traditionnelles de militantisme. Pour rappel, comme l'explique John D. Trybus, directeur général et professeur adjoint au Center for Social Impact Communication de l’université de Georgetown, au site Mother Nature Network (MNN), «le slacktivisme, c'est l’idée que les gens soutiennent, au plus haut niveau, des organisations et des sujets ayant un impact social à travers les réseaux sociaux ou d’autres moyens en ligne. Cela peut prendre de nombreux formats, depuis partager des informations à propos d’une cause sur sa page Facebook au fait d’envoyer un tweet en lien avec une campagne de revendication.»

Dans le même esprit, Nicholas Kristof appelait dans une tribune du New York Times à envisager cette forme de militantisme «paresseux» (slack) comme un «produit de substitution [...]préférable à l’inaction» tandis qu’une enquête menée par Rantic affirmait que nos opinions politiques sur Facebook n’avaient aucun effet sur nos amis. Nous vous disions d’ailleurs que le slacktivisme «ne sauvera pas les réfugiés, mais il peut y contribuer». Toutefois, un consensus émerge doucement pour dire que le slacktivisme peut avoir un réel impact et l'article de Mother Nature Network (MNN) vient renforcer cette affirmation.

La critique confrontée aux recherches

L'idée que le slacktivisme pourrait remplacer à terme le militantisme traditionnel, plus organisé et présent dans le monde réel est un peu trop simpliste. Il y a dans cette forme d'engagement par le virtuel tout un dégradé qui va de celui qui ne fera rien d’autre que mettre un «j’aime» pour une œuvre de charité, à celui qui va aller militer et rejoindre les événements que l’association organise, en passant par ceux qui font quelques dons en ligne.

En réalité, selon l’étude Dynamics of Cause Engagement, conduite en commun par le centre susmentionné et l’Ogilvy Public Relations Worldwide, les personnes qui prennent part à du militantisme en ligne le font aussi, régulièrement, hors-ligne. Mieux: les Américains qui soutiennent le plus fréquemment des causes sur les réseaux sociaux participent à plus de deux fois plus d’activités comparés à ceux qui ne soutiennent aucune cause en ligne. En réalité, selon Denise Keyes, adjoint principal au doyen et directeur général du centre Georgetown, ces individus complètent et non remplacent des actions comme le don, le volontariat et la planification d’événements.

«Monnaie d'influence»

Une des raisons pour lesquelles les réseaux sociaux ont autant de pouvoir tient, selon Trybus, au fait qu’ils sont principalement composés de vos amis, de votre famille et de personnes que vous respectez. La confiance que l’on a envers ces personnes rend leur avis bien plus important et susceptible de vous influencer. Et si l’une d’entre elles affirme soutenir une cause, il est fort probable que vous en fassiez de même.

Dès lors, selon Trybus, c’est la nouvelle «monnaie d’influence». Et d’ailleurs, même si ce n’est qu’un click, même si l’on ne fait que ça, cela demeure utile parce que, selon Kim Thelwell, directeur politique du Borgen Project –une ONG qui se préoccupe des enjeux de pauvreté et d’extrême famine dans les pays en développement, et ce au travers de revendications et de lobbying auprès du Congrès–, cela créé de la conscience. Et ici aussi, connaître une personne liée au groupe militant accroit l’impact de l’opinion de ce dernier.

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