France

Dans le sens de la marche

Temps de lecture : 3 min

Emmanuel Macron présidera aux destinées du pays pendant les cinq prochaines années. Pour la twittosphère, cette victoire inédite marque un tournant dans l’histoire politique de la France.

Gerd Altman via Pixabay.
Gerd Altman via Pixabay.

Contenu Partenaire - «En Marche!» L’injonction n’était à l’origine qu'un espoir. C’est désormais une allure qui s’incarne dans les premiers pas du huitième président de la Ve République et plus jeune chef d’État élu depuis Napoléon Bonaparte.

Tout comme sa victoire, la «marche solitaire» du Président Macron dans la cour Napoléon du Louvre, sur l’air de l’Hymne à la joie de Beethoven, a agité la twittosphère. L’instant perçu comme «grave et solennel» imprègne symboliquement la soirée, celle d’«un homme en marche vers son destin» dans un «frisson d'éternité».

Ce «rite initiatique indispensable», selon les mots du cinéaste Serge Moati, n’est pas nouveau. Certains y voient avant tout une filiation avec la gauche. Non celle de François Hollande mais celle de François Mitterrand. L’ombre du défunt, et lointain prédécesseur plane: «Comme Mitterrand entra au Panthéon, Macron entre au Louvre». «Du haut de ce clip Pyramidal, Mitterrand vous observe».

Les twittos cherchent dans la comparaison de ces deux instants, des indices sur le chemin que prendra le nouveau Président.

Celui d'une génération Macron. «36 ans après François Mitterrand, Emmanuel Macron marche sur l'Ode à la joie. Peut-être une génération Macron». Il y aussi des doutes. «Macron veut emboîter le pas de Mitterrand? Vous allez être déçus». La critique devient hostile par moment: «Mitterrand avait rendu hommage aux grands hommes, Macron s'est choisi un décor qui le glorifie seul».

Au-delà des comparaisons avec le passé, la twittosphère se projette. L’élection d’Emmanuel Macron inscrit dans la réalité un «nouvel ordre de marche». Le nouveau président se mettra-t-il en marche seul, comme l’avait suggéré Pascale Boistard, Secrétaire d'État chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie? Par une référence musicale au titre de Jean-Jacques Goldman «Je marche seul», «cette dernière avait raillé sur Twitter le lancement du mouvement En Marche! en avril 2016».

Cette chanson est reprise par quelques twittos pour ironiser sur la marche d’Emmanuel Macron vers la Pyramide et dénoncer une mise en scène «mégalo», «théâtrale...il inaugure ce que sera sa présidence...du décor...». Ils rebaptisent le nouveau président «ToutanMacron».

Ces critiques expriment la crainte que rien ne change. La défiance à l’égard des élites et le reproche adressé à l’ensemble de la classe politique d'être déconnecté de la vie réelle n'ont pas disparu par enchantement. La peur d’avoir élu un Président, lui aussi déconnecté de la population, existe toujours: «Mitterrand avait choisi le Panthéon (il se situait parmi les grands hommes), Macron se situe parmi les pharaons, le prochain se prendra pour Dieu».

Le symbole a-t-il dénaturé l’ambition initiale qui invitait à un mouvement d’ensemble? «Quel contraste avec la marche (collective) d'EM! Tous ceux-là pour lui seul?». La large victoire d’Emmanuel Macron avec 66,1% des suffrages exprimés ne suffit pas à balayer les doutes de ceux qui ne sont pas séduits par «La République en marche». «La France est "en marche" mais on ne vous a pas dit vers où!».

Les interrogations demeurent sur les convictions réelles des 66,1% d'électeurs qui ont voté Macron. «Macron Président c’était un vote d’adhésion ou de barrage?». On invite le nouveau Président à en avoir conscience: «vote d'adhésion et vote contre le FN. Non, 65% des français ne veulent pas Macron». Ceux là expriment leur refus de «prendre le train en marche».

On spécule sans cesse sur la composition du futur gouvernement et dans le même temps, les diverses annonces de ralliements de personnalités politiques sont raillées: « C'est le renouveau à la mode #Macron! On prend les mêmes et on recommence sous une nouvelle appellation la "République En Marche" arrière ».

Le souhait de Manuel Valls de se présenter aux législatives sous l’étiquette «République en marche» est jugé comme un opportunisme indigne. «Valls, Lemaire, Estrosi "élite" sans honneur ni conviction ni fierté, qui ne comprend l'ampleur du cataclysme Macron sur les mœurs politiques». Il n'y a pas que les ralliements de politiques qui sont moqués. «Tous les bobos qui à la gauche de la gauche vont tout à coup adorer marcher après avoir adoré piétiner».

Au-delà des polémiques, nombre de twittos veulent croire à la volonté du nouveau Président de «se mettre en marche, au diapason!». On veut accorder sa confiance. «Quand il y a n'y a qu'un chemin possible cela ne sert à rien de se disputer pour l'emprunter. Macron sera la volonté qui remplace le débat». La marche solitaire est alors vue comme une invitation à «travailler avec le président Macron. Il faut l'aider, seul c'est pas possible tous en marche pour redresser notre pays la France!».

Cette marche durera cinq ans. La twittosphère a conscience que la tâche ne sera pas simple. Les défaitistes parient déjà sur le titre du bilan si le mandat est un échec: «La Marche était trop haute ».

Le mot de la fin ira aux optimistes qui vivent «dans l'espoir d'un quinquennat valorisant pour notre beau pays. Good luck Mr Macron. En marche mais en avant!».

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