Dans une tribune publiée dans le New York Times, Seth Stephens-Davidowitz rappelle le paradoxe des réseaux sociaux:
«Nous avons vaguement conscience que tout le monde ne peut pas être aussi brillant, riche, attirant, détendu, intelligent et joyeux que l’impression donnée sur Facebook. Et pourtant nous ne pouvons arrêter de comparer nos vies intimes aux vies mises en scène de nos amis.»
La solution: le recul grâce à une meilleure prise en compte des ordres de grandeurs que masque la mise en avant des activités et des statuts les plus valorisants. Économiste, auteur de Everybody Lies (Tout monde ment), un livre sur ce que le «big data» sur internet nous apprend des gens, ancien chercheur chez Google, Seth Stephens-Davidowitz énumère dans cette tribune ces écarts entre ce que nous voulons être, ce que nous montrons de nous et ce que nous sommes:
- «Les Américains passent six fois plus de temps à faire la vaisselle qu'à jouer au golf. Mais il y a environ deux fois plus de tweets qui couvrent une activité de golf que de vaisselle», s'amuse l'auteur.
- Les possesseurs de voiture de marque de luxe sont trois fois plus susceptibles de renseigner cette information sur leur page Facebook que les propriétaires d’une voiture ordinaire.
- Des études montrent qu’hommes et femmes s’accordent sur leurs goûts musicaux. Mais sur Facebook, les hommes sous-estiment leur penchant pour des artistes et des genres perçus comme féminins. Ils prendront garde par exemple à ne pas «Liker» la page de Katy Perry, alors que le classement Spotify montre qu’ils l’écoutent plus souvent que des artistes auxquels ils s’affilient plus volontiers comme Bob Marley, Kanye West ou Kendrick Lamar.
Facebook montre les gens tels qu'ils veulent être, Google tels qu'ils sont
L’auteur a trouvé l’antidote parfait à cet environnement de compétition qu’instaurent les publications Facebook, déformant la réalité prosaïque de nos vies quotidiennes. Il conseille de faire une cure de recherches Google. La raison est simple: sur le moteur de recherche, dont il est un spécialiste, les gens révèlent ce qu’ils cachent sur les réseaux sociaux, et qu’ils taisent même à leurs proches. Les suggestions de recherches populaires ouvrent ainsi une porte vers la vérité, dont Google est le serum.
«Les mots que nous tapons [dans Google] sont plus honnêtes que les images que nous présentons sur Facebook ou Instagram.»
D'où cette astuce de développement personnel à l'ère du big data que livre l'auteur. À chaque fois que vous vous sentez inférieur à cause des réseaux sociaux, allez sur Google et utilisez l'autocomplete pour découvrir que les gens passent plus de temps de vie avec la diarrhée qu'en vacances aux Caraïbes.
Moralité:
«Ne comparez pas vous recherches Google aux posts Facebook de vos amis.»