Le 21 avril 2002, Lionel Jospin était éliminé dès le premier tour, laissant les deux places au second tour à Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. À l’époque, quinze jours plus tard, le candidat du Front national n’avait pu compter que sur les voix des électeurs de Bruno Mégret et une partie de celles en faveur de Christine Boutin, selon les estimations d'alors d'Ipsos.
L’élection de 2017 représente un duel inédit. Les deux partis qui gouvernent la France depuis soixante ans ont été éliminés dès le premier tour. Les reports mesurés dans les premiers sondages depuis le premier tour ne sont d’ailleurs pas aussi larges qu’il y a quinze ans, et sont au cœur de ce second tour, avec les hésitations d’une partie des électeurs de François Fillon et Jean-Luc Mélenchon entre l’abstention, le vote blanc (qui n’est pas pris en compte dans cet outil) et le vote pour ou contre Marine Le Pen.
Slate.fr vous propose une calculatrice pour estimer l'effet de ces reports de voix et découvrir quel visage pourrait s’afficher sur les écrans des Français à 20 heures le dimanche 7 mai. Pour chaque candidat, vous pouvez proposer une répartition des voix entre Emmanuel Macron, à gauche, et Marine Le Pen à droite, et inscrire également le pourcentage d’électeurs de chaque camp qui s’abstiendraient au second tour. Pour vous aider, deux boutons permettent de préinscrire les reports estimés récemment par l’Ifop et Ipsos.
On estime qu'en 2002, 12% des électeurs du second tour ne s'étaient pas déplacés au premier tour; en 2012, ce chiffre était moitié moindre. Vous pouvez donc aussi inscrire, dans la dernière ligne, une estimation du nombre de nouveaux électeurs du 7 mai, en pourcentage des 37 millions qui se sont déplacés au premier (1% vaut donc 370.000 nouveaux électeurs), et choisir comment ils se répartiront.
La combinaison des reports et des nouveaux électeurs permet de tester différentes hypothèses pour le second tour. On voit par exemple que, si les reports annoncés par Ipsos se confirment, Marine Le Pen aura besoin, pour l'emporter, des voix de tous les candidats ayant réalisé moins de 5% et de 4,5 millions de nouveaux électeurs se prononçant en sa faveur, chiffre colossal. Ou que, si 20% des électeurs de Fillon et Dupont-Aignan s'abstiennent et que les autres votent aux deux tiers en faveur de Le Pen, il faudra que 85% des électeurs de Hamon et Mélenchon choisissent l'abstention pour que la candidate FN soit élue.