France

Les primaires, grandes perdantes de l’élection présidentielle 2017

Temps de lecture : 2 min

La qualification d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle signe la défaite des primaires de la droite et du centre, du Parti socialiste.

Photo prise à Gonesse, au nord de Paris, le 4 avril 2017, montrant les affiches des candidats à l'élection présidentielle française pour le parti socialiste français, Benoit Hamon et de Les Republicains, François Fillon I CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Photo prise à Gonesse, au nord de Paris, le 4 avril 2017, montrant les affiches des candidats à l'élection présidentielle française pour le parti socialiste français, Benoit Hamon et de Les Republicains, François Fillon I CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Les résultats du premier tour de la présidentielle 2017 vont-ils enterrer les primaires pour de bon? Emmanuelle Macron, arrivé en tête avec 23,8% des voix, et Marine Le Pen, qui prend la seconde position avec 21,6%, se sont tous les deux imposés sans passer par le processus des primaires. François Fillon, Benoît Hamon, et Yannick Jadot, ensuite rallié au candidat socialiste, qui, eux, ont remporté leur primaire respective, chutent lourdement. «Un revers inédit dans la Ve République pour les deux grands partis français», titre le Monde. «Le 21 avril de la droite», se désolera Jean-François Copé.

Pourtant, Fillon et Hamon et, dans une moindre mesure, le candidat d’EELV, étaient sortis largement renforcés par leur désignation démocratique. Après une primaire à droite, François Fillon y ressort comme le candidat «surprise». Qualifié pour le second tour, il a été préféré à Alain Juppé, l’emportant avec 66% des voix —près de 3 millions de voix. Une forte participation qui laissait espérer pour le candidat des Républicains un rassemblement autour de sa personne pour une victoire toute tracée vers la présidentielle.

De son côté, le camp socialiste a également organisé sa primaire, désormais passage obligé. Le second tour de la primaire opposait l’ancien Premier ministre, Manuel Valls, et le frondeur, Benoit Hamon. Plus de 58% des deux millions d’électeurs ont choisi la ligne du second. Le candidat socialiste a réussi à imposer lors de la primaire l'idée d’un revenu universel.

Trop forte polarisation

Toutefois, la tenue de ces primaires s'est révélée être un véritable obstacle pour les deux principales formations pendant la campagne présidentielle. Plusieurs voix ont dénoncé l'extrême polarisation liée à ce type de désignation. Au Parti socialiste comme chez Les Républicains, un candidat incarnant une aile dure de leur parti a été investi, limitant les possiblités de se rassembler au-delà de son propre camp lors de la présidentielle. Chez les Verts, Yannick Jadot avait été préféré à la personnalité un peu plus «grand public» de Cécile Duflot.

Dans le même esprit, la campagne de la primaire a également pu affaiblir chacune des candidatures en accentuant l'expression de divisions au sein des partis entre une ligne modérée et une autre perçue comme plus pure. Résultat, du côté socialiste, les candidats perdants comme Montebourg ou Valls se sont tenus éloignés de la campagne. L'ex-Premier ministre a même préféré se rallier à Emmanuel Macron d’En marche! plutôt que de soutenir le candidat de son parti.

Légitimité problématique

Enfin, la primaire confère une légitimité au gagnant qu'il est difficile de contrer en cas de difficultés. C'était le cas pour François Fillon plombé par l’affaire du Penelope Gate, révélée par le Canard Enchaîné fin janvier lui valant une mise en examen et mettant à mal son image de candidat de la vérité et de l’effort budgétaire. Résultat, personne n'a été en mesure de remettre en cause sa désignation qui avait été largement décidée par les militants, surtout pas Alain Juppé qui avait été battu.

La campagne a prouvé que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, le premier de la classe, ont eu raison de se présenter en homme seul. Sans aucun doute, les grandes perdantes de ce soir sont les primaires.

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