En économie, il y a les entreprises classiques dont les concurrents sont d'autres entreprises du même secteur et les marchés rivaux. Et puis il y a la Silicon Valley. L’un des nouveaux géants du secteur, le service de vidéo en ligne Netflix, a offert une illustration de cette propension à voir son activité comme une dimension fondamentale de l'existence plutôt qu’un simpe divertissement connecté.
Au lieu de citer les activités de proches concurrents que sont YouTube, le producteur de séries HBO, Amazon Video ou encore les chaînes de télévision classiques, le cofondateur et CEO de Netflix Reed Hastings a récemment affirmé que son entreprise était en concurrence avec... le sommeil.
Temps de cerveau disponible
«Quand vous regardez une série sur Netflix et que vous en devenez accro, vous veillez tard le soir. À la marge, nous sommes en concurrence avec le sommeil. Et ça fait donc beaucoup de temps.» Pour le PDG de Netflix, ces concurrents producteurs de vidéo peuvent donc continuer à remporter des succès, ils ne représentent qu'une goutte d'eau dans l'océan qui représente le marché sur lequel ils se débattent, une vaste plage de temps inexplorée à grignoter à coup de séries addictives.
En 2004, le PDG du groupe TF1 Patrick Le Lay avait marqué les esprits en affirmant que le métier de sa chaîne de télé consistait à vendre «du temps de cerveau disponible» à Coca Cola et autres grands annonceurs publicitaires, provoquant des sueurs froides. Cette fois, c'est le cerveau en sommeil qui est la cible des offres de divertissement. Signe que le capitalisme s'est bel et bien lancé, comme l'avait prophétisé un professeur d'histoire américain dans un livre, à l'assaut du sommeil?