France

Le docteur Delajoux est-il l'auteur d'un «massacre»?

Temps de lecture : 4 min

Qu'en est-il vraiment de la situation médicale du chanteur et de la culpabilité du médecin?

Confusion et accusations. A Los Angeles l'entourage de Johnny Hallyday accuse le Dr Stéphane Delajoux, son neurochirurgien, d'être le grand et unique coupable. Qu'en est-il véritablement de la situation médicale du chanteur et de la culpabilité du médecin parisien, qui s'est fait agresser ce week-end par deux hommes cagoulés? Au fil des heures l'affaire s'instruit par voie de déclarations de communiqués et d'enquêtes sur le passé professionnel et personnel du «neurochirurgien des stars» dont nul n'ignore plus aujourd'hui l'existence. Il faudra toutefois attendre plusieurs jours avant d'établir - ou pas - un lien de causalité entre l'intervention sur une hernie discale pratiquée le 26 novembre à la Clinique internationale du Parc Monceau et l'aggravation de l'état de santé du patient du Dr Delajoux; avec toutes les conséquences judiciaires et financières que l'on peut aujourd'hui imaginer.

Pour l'heure la plus grande confusion règne à Los Angeles. L'équipe médico-chirurgicale du Cedars-Sinaï a décidé, dans la journée du 11 décembre, de replacer le chanteur dans un coma artificiel dont il était sorti quelques heures auparavant. Dans le même temps l'entourage indique que les dernières nouvelles sont «très positives». Le service de presse de Johnny a précisé que ce dernier a été «placé en coma artificiel pour une raison de confort, pour l'empêcher de souffrir et pouvoir lui administrer son traitement». Officiellement le chanteur souffre de lésions d'origine infectieuse survenues après l'intervention neurochirurgicale du 26 novembre. Il avait regagné son domicile le lendemain et avait pris un vol envolé pour Los Angeles dès le 28 novembre avant d'être admis quelques jours plus tard à l'hôpital Cedars-Sinai.

Avant qu'un nouveau coma artificiel soit décidé le producteur Jean-Claude Camus avait affirmé que le chanteur était «tiré d'affaire» tout en accusant violemment le Dr Delajoux. «On nous a dit que c'était un massacre. Les chirurgiens de Los Angeles ont dit qu'ils étaient outrés, a -t-il déclaré. J'ai entendu parler d'une possible procédure judiciaire à venir.»

L'hôpital californien n'a pas publié de bulletin de santé et, pour l'heure, le principal grief fait au neurochirurgien est de ne pas avoir placé un drain après l'intervention; un sujet qui ne manquera pas de faire l'objet de débats entre experts.

«Outré» des accusations dont il fait l'objet, le médecin parisien a aussitôt répliqué par la voix de son avocat Me David Koubbi. «Compte tenu des réserves liées au secret médical, le Dr Delajoux peut simplement déclarer que l'intervention du 26 novembre s'est parfaitement bien déroulée, qu'elle n'était pas hémorragique et ne nécessitait donc pas la pose d'un drain, a fait savoir à la presse Me Koubbi. L'état post-opératoire de M. Hallyday était parfaitement compatible avec son souhait de sortir le 27 novembre au soir, afin de poursuivre sa convalescence à son domicile. Les examens de contrôle post-opératoires, scanners et examens biologiques de M. Hallyday, étaient normaux.» L'avocat du neurochirurgien ajoute qu'il avait déjà été amené à prendre en charge le chanteur en 2008 et que cette première intervention s'était, elle aussi «parfaitement déroulée, raison pour laquelle M. Hallyday a fait à nouveau confiance au Dr Delajoux».

Où est la vérité médicale?

Il faut désormais attendre les conclusions d'un expert: le Pr Yves Catonné, chef du renommé service de chirurgie orthopédique et traumatologique du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière de Paris qui doit se rendre ce lundi 15 décembre a Los Angeles. Le Pr Catonné,ne dispose pas pour l'heure du dossier médical. Il a précisé à l'AFP que le coma artificiel ne correspondait pas obligatoirement à une aggravation de l'état de santé. «Il a un terrain un peu particulier, fatigué, ça peut être plus facile pour lui pour supporter la chose, a-t-il expliqué. D'après ce que j'ai entendu, il y a eu une infection, si les médecins l'ont bien nettoyée, c'est peut-être terminé, avec des antibiotiques assez longtemps quand même, par la suite.»

Pour l'heure le Dr Delajoux est brutalement confronté au rappel de son passé: il a été condamné à plusieurs reprises par la justice, dans des dossiers en responsabilité médicale, ainsi que pour fraude fiscale et escroquerie. Me Olivier Metzner, avocat du Conseil de l'ordre des médecins, l'a publiquement accusé d'être «un homme sans scrupules» et qui est «loin d'être recommandable». Tout en précisant qu'il ne connaissait pas spécialement cette dernière affaire, Me Metzner a indiqué qu'il avait croisé le chirurgien pour la première fois dans une affaire d'escroquerie où lui-même représentait le Conseil de l'Ordre. « Il avait alors été condamné à trois ans de prison avec sursis, a-t-il noté, et il avait effectué quelques semaines en détention préventive.» Selon l'avocat de l'institution ordinale ce chirurgien «a été poursuivi régulièrement devant le Conseil de l'Ordre des médecins, qui l'a à chaque fois condamné soit pour des erreurs médicales, soit pour des escroqueries.» Il a ajouté qu'en dépit d'une mesure de suspension le Dr Delajoux avait continué à exercer.

Interrogé par Le Quotidien du Médecin Stéphane Lievain, directeur de la Clinique internationale du Parc Monceau, a déclaré vendredi 11 décembre que la situation du Dr Delajoux est «parfaitement en règle sur le plan ordinal depuis deux ou trois ans qu'il opère, en tant que libéral, dans l'établissement». «C'est un chirurgien qui n'a pas fait l'objet de plus de procédures qu'un autre, dans une discipline où les risques suscitent des litiges. Aucun élément ne permet de mettre en cause le déroulement de l'opération du 26 novembre».

Aucune mesure de déprogrammation ou d’annulation d’opérations n’était envisagée. «Notre clinique bénéficie d’une réputation d’excellence», souligne son directeur, évoquant l’enquête publiée par l’Express l’an dernier, qui l’avait classée première dans sa catégorie et ou elle figure en numéro 3 dans l’édition 2009.

Jean-Yves Nau

Image de une: Reuters/ au 62e festival de Cannes, mai 2009.

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