L’annonce par l’ancien président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, de sa décision de se présenter à l’élection présidentielle du 19 mai a été une surprise pour les spécialistes de la République islamique d’Iran. D’autant plus, que le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, lui avait publiquement enjoint de ne pas le faire.
Le retour d’Ahmadinejad perturbe le jeu politique entre le sortant Hassan Rouhani, présenté comme un «modéré», et celui qui est considéré comme le candidat des durs et de Ali Khamenei, Ebrahim Raisi.
Mahmoud Ahmadinejad joue relativement profil bas en expliquant qu’il a fait acte de candidature pour apporter son soutien à Hamid Baghaei, l’un de ses anciens conseillers et protégés. Mais Ahmadinejad pèse dans la politique iranienne. Son nationalisme, son populisme, son côté illuminé, il vit dans un monde de complots et de démons, en font un personnage à part qui s’est attaché le soutien de la partie la plus déshéritée de la population, celle aussi sur laquelle compte la faction dure pour soutenir son candidat. Entre le guide suprême et le candidat du peuple, la partie s’annonce serrée.
Déjà en 2011, l’ayatollah Ali Khamenei avait fait arrêter des proches d’Ahmadinejad accusés d’utiliser des pouvoirs surnaturels. Ils étaient officiellement soupçonnés d’être des «magiciens» et d’invoquer des djinns (esprits).
Mahmoud Ahmadinejad, président de 2005 à 2013, est incontrôlable. Il faut se souvenir de certaines de ses théories délirantes évoquées en public.
En 2012, lors d’un discours, il avait expliqué que l’occident volait la pluie iranienne. «Notre pays fait face à une sécheresse qui est en partie non intentionnelle et liée à l’industrie et en partie le fait que l’ennemi détruit les nuages se dirigeant vers notre pays. C’est une guerre que l’Iran va gagner», avait-il déclaré.
Il s’en était pris aussi pendant la coupe du monde de football de 2010 à Paul le poulpe et ses prédictions. «Ceux qui croient à ce genre de choses ne peuvent pas être les dirigeants des nations du monde qui comme l’Iran aspire à la perfection humaine basée sur l’amour de valeurs sacrées…».
Avec ces deux exemples, il s’agissait plutôt de farces. C’était moins le cas quand il a affirmé en 2007 à l’Université de Columbia à New York qu’il n’y avait pas d’homosexuels en Iran. «En Iran, nous n’avons pas d’homosexuels comme dans votre pays. En Iran, nous n’avons pas ce phénomène. Je ne sais pas qui vous a dit que nous l’avions». L’homosexualité est condamnée en Iran par la peine de mort.
Mahmoud Ahmadinejad a aussi affirmé que les attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington étaient orchestrées par le gouvernement américain et même en 2010 que le Président des Etats-Unis George W. Bush et Oussama ben Laden étaient des amis et vivaient tous les deux à Washington. «J’ai entendu dire qu’Oussama ben Laden est à Washington. Parce qu’il était un ancien partenaire de M. Bush. Ils étaient collègues en fait dans le passé. Vous le savez. Ils travaillaient ensemble dans l’industrie pétrolière. Ils travaillaient ensemble.», avait-il déclaré dans une interview à ABC News.
Ahmadinejad a aussi expliqué, par exemple, que le Sida a été créé par l’occident. En 2012, il avait affirmé: «c’est évident que les pays africains doivent être pillés de leurs richesses et de leurs ressources. Les grandes puissances et les despotes sont derrière le développement de ces maladies et ils peuvent ainsi vendre leurs médicaments et leurs équipements médicaux aux pays pauvres.»
Pour éliminer Ahmadinejad de la course à la Présidentielle, il reste toujours la possibilité au tout puissant Conseil des Gardiens composé de 12 membres de l’empêcher de se présenter. Mais cela pourrait entrainer des troubles.