La révolution d'une roue est désormais compatible avec la révolution environnementale: le Parlement européen a voté, fin novembre 2009, une nouvelle réglementation. Elle prévoit l'affichage des qualités environnementales des pneus, qui dès 2012 seront donc cotés comme le sont, par exemple, les réfrigérateurs.
Parmi les informations communiquées aux acheteurs, figureront la qualité de l'adhérence par temps de pluie, le bruit émis par les pneus et la consommation d'essence qu'ils entraînent. Suivant leurs performances dans ces différents critères, les enveloppes recevront des notes comprises entre A (pour le meilleur) à G (pour le pire). Cet étiquetage, effectif dès novembre 2012 sur le vieux continent s'universalise puisque le Japon et le Etats-Unis vont adopter des normes similaires.
Cette gomme-attitude s'insccrit dans la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d'amélioration de l'efficacité énergétique de l'Union européenne. On le sait peu, mais la part d'un pneumatique dans la consommation d'un véhicule est substantielle. En roulant, le pneu se déforme, et s'échauffe, ce qui engendre une résistance au roulement consommatrice d'énergie.
Selon certaines statistiques cette résistance serait responsable d'environ 30% de la consommation d'une voiture à une vitesse située entre 40 et 80 km/h. Sachant que, par ailleurs, une pression insuffisante d'environ 20% réduit la durée de vie de l'enveloppe de 20% en augmentant la consommation de carburant de 2 à 3%. Des pourcentages à garder en mémoire alors que la fiscalité verte va gonfler les prix à la pompe.
Aujourd'hui, les manufacturiers travaillent tous sur des pneumatiques amenuisant cette résistance au roulement. Les nouvelles enveloppes doivent aussi garantir une longévité accrue (plus légères, elles s'usent moins vites) et des distances de freinage écourtées.
L'industrie automobile est favorable à la monte de ce ces pneus verts car elle l'aide à tenir les engagements de réduction des émissions de CO2 fixé par Bruxelles. D'ici à 2015 les véhicules neufs ne devront pas émettre plus de 120g de CO2/km. Pour atteindre cet objectif tout compte, dont l'équipement des véhicules avec des pneus verts améliorant l'empreinte écologique des voitures. Des pneus verts compteraient pour environ 7g de CO2 en moins avec la technologie actuelle.
C'est Michelin qui a été le premier à faire son entrée dans le secteur de la gomme écolo. En 1991, la firme lançait un pneu à faible résistance au roulement Energy dont le défaut majeur était d'offrir moins d'adhérence qu'un pneu classique sur chaussée délavée.
Voici quelques mois, Michelin à lancé une nouvelle enveloppe l'Energy Saver qui règle ce problème d'adhérence. Selon les mesures du très respecté organisme d'homologation allemand TUV, l'Energy Saver donne des performances équivalentes à celle des enveloppes classiques sur sol mouillé. Aucun effet savonnette n'est donc à redouter.
Le pneu de Michelin, permettrait de diminuer la résistance au roulement de 20%. Pour y parvenir, le manufacturier a notamment réduit la masse de son pneu vert et optimisé son mélange de gomme constitué à 99% d'une nouvelle silice.
Sur la bande de roulement, c'est à dire la partie qui entre en contact avec le sol, la société de Clermont-Ferrand est parvenue à remplacer 95% du noir de carbone (contre seulement 20 % en 1992), qui donne sa couleur au pneu, par cette silice. Principal avantage du matériau? Perdant bien moins d'énergie sous forme de chaleur, il réclame, par conséquent, moins de carburant.
Selon le manufacturier,, le montage de quatre Michelin Energy Saver permettrait d'économiser 0,2 l/100 km, soit 4 g de CO2. Ces pneus vendus 7 à 8% plus cher qu'un pneu conventionnel, sont toutefois réputés offrir une longévité de 40.000 km contre environ 30.000 km (selon le type de conduite) pour un pneu normal.
Si Michelin a pris une longueur d'avance sur le sujet il n'est pas seul sur le marché. Goodyear s'est ainsi associé à Novamont et BMW, pour élaborer un programme de recherche baptisée BioTYRE, en partie subventionnée par la Commission Européenne.
En 2009, la firme a commercialisé l'EfficientGrip, un pneu vert qui, selon le manufacturier, permet une meilleure signature environnementale.
Sa gomme, c'est un des facteurs qui a séduit la Commission Européenne, a pour particularité d'utiliser une base d'amidon (extrait du maïs) remplaçant, pour partie, le noir de carbone et la silice traditionnellement usités dans la conception des pneumatiques.
D'où une résistance au roulement en baisse de 13 %, une réduction des bruits et de la consommation de carburant de 1,9 %.
L'EfficientGrip, utilise la technologie du «RunOnFlat» qui permet un roulage à plat à 80 km/h durant 80 km dont l'usage pourrait se généraliser sur les voitures hybrides et électriques où les batteries mangent la place réservée dévolue à la roue de secours.
Pirelli a sorti aussi, début 2009, un pneu vert destiné aux voitures puissantes, le «Cinturato P7» qui rocurerait une économie de carburant de 4,2 %. Les autres manufacturiers suivent, donc Dunlop avec son Enasave ES80. Et, cette course poursuite des manufacturiers n'est pas prête de s'arrêter: la Commission Européenne songe déjà à fixer de nouveaux objectifs en termes de réduction de la résistance au roulement. Aujourd'hui de 6 à 7 kg par tonne elle devra descendre à 4,5 kg par tonne en 2012.
De quoi exciter l'imagination de fabricants et susciter le soutien de l'état. En France, le ministère de l'Écologie réfléchirait à l'instauration d'un système de bonus-malus afin de favoriser les pneus verts, comme c'est déjà le cas pour les voitures.
Didier Laurens
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Image de Une: Le Michelin Energy Saver Michelin