Après une attaque au gaz toxique qui a fait environ cent morts dans le nord-ouest de la Syrie, la Maison-Blanche a répondu en condamnant Bachar el-Assad et...Barack Obama.
«Ces odieuses actions du régime de Bachar el-Assad sont une conséquence de la faiblesse et de l'indécision du gouvernement précédent. Le président Obama a dit en 2012 qu'il établirait une “ligne rouge” contre l'utilisation d'armes chimiques, et ensuite, il n'a rien fait», a déclaré le président dans un communiqué.
L'accusation d'inaction est légitime –Obama avait dit qu'il riposterait si Assad utilisait des armes chimiques mais ne l'a pas fait en 2013 après une attaque au gaz toxique particulièrement meurtrière. Mais, à l'époque, Trump n'était absolument pas interventionniste. Il s'était plusieurs fois déclaré contre toute intervention militaire américaine en Syrie, et avait frénétiquement tweeté sur le sujet:
«Encore une fois, à notre leader stupide, n'attaquez pas la Syrie –si vous le faites, plein de mauvaises choses arriveront et les Etats-Unis n'en tirent rien».
AGAIN, TO OUR VERY FOOLISH LEADER, DO NOT ATTACK SYRIA - IF YOU DO MANY VERY BAD THINGS WILL HAPPEN & FROM THAT FIGHT THE U.S. GETS NOTHING!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 5, 2013
Ou encore:
«Président Obama, n'attaquez pas la Syrie. Il n'y a aucun avantage et que des inconvénients. Gardez vos munitions pour quelque chose de plus important!»
President Obama, do not attack Syria. There is no upside and tremendous downside. Save your "powder" for another (and more important) day!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 7, 2013
Comme le note Aaron Blake dans le Washington Post, l'autre problème de la déclaration de Trump est qu'elle critique l'attitude d'Obama sans proposer d'alternative. Pire, la politique de Trump est moins critique à l'égard d'Assad que celle de son prédecesseur.
En effet, le secrétaire d'État Rex Tillerson a condamné l'attaque chimique, et qualifié la politique d'Assad de barbare, mais il y quelques jours, il avait aussi déclaré que «sur le long terme, la situation d'Assad serait décidée par le peuple syrien.» Même attitude chez l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Nikki Haley, qui a récemment dit que la priorité n'était pas de se débarasser d'Assad.
Dans Slate.com, Joshua Keating rappelle que, pendant sa campagne, Donald Trump avait dit que la priorité était le combat contre Daech, et que, comme Assad combattait Daech, il n'était pas l'ennemi principal:
«La Maison-Blanche a bien fait comprendre qu'elle accepterait qu'Assad reste au pouvoir et tue son propre peuple tant qu'il aide dans la lutte contre Daech.»