A l'heure du grand débat, j'ai pris sur le net les 200 questions clés qui me permettront d'y voir plus clair quant à mon identité: suis-je bien français? Oui, assurément en ais-je décidé.
Et si je suis français c'est avant tout parce que j'ai pas mal voyagé et que, comparativement, on est drôlement content de rentrer chez soi: retrouver des gens qui parlent la même langue que moi; lire des journaux dans lesquels je comprends à peu près tout; me siffler, sans le payer une fortune, un bon pinard bien élevé; me ravigoter les papilles de chairs reconnaissables et assimilées depuis l'enfance; visualiser à chaque coin de rue des univers connus; reconnaître des paysages qui me sont familiers. Je suis donc bien français car globalement, je suis à l'aise chez moi, j'y ai mes habitudes et mes repères, en France.
Et si je suis français, c'est aussi parce que je sais d'où je viens. Je partage ma propre histoire avec l'Histoire commune de toute une population. Nous avons un passé commun et unique qui s'est fait peu à peu sur un territoire dont les limites héxagonales actuelles se déssinèrent lentement. La France a donc une identité géographique, faite de frontières terrestres et maritimes, de monuments, de vestiges d'une histoire connue. Du nord au Sud et d'Est en Ouest, je sais où nous sommes et ce que nous sommes. En France, je ne suis jamais perdu.
Et si je suis français, c'est aussi parce que je peux dire et faire ce que je veux, dans le respect, blablabla..., des lois et de la liberté d'autrui. Rien n'est parfait mais nous jouissons d'une certaine liberté. Je peux, parce qu'ici c'est un droit, voter régulièrement et exprimer démocratiquement mon point de vue. En France, nous pouvons encore travailler pour améliorer l'égalité des chances à laquelle chacun a droit puisque nous sommes, ici, tous nés libres et égaux*. Je sais qu'en douce France, je peux encore choisir d'aller ( ou de ne pas aller ) au temple, à l'église, à la mosquée ou à la synagogue. Ne sommes-nous pas tous frères, frères du sang mélé de l'Homme et de l'Histoire. Fraternité mais aussi laïcité.
Et si je suis français, c'est aussi parce qu'ici, je suis en sécurité. La nation, l'état et la constitution protègent mes libertés fondamentales. J'ai des droits et pas uniquement des devoirs. La loi ne protège pas que les puissants*. Ces lois que nous avons écrites me donnent la liberté de penser, de faire ce que je veux de mon corps et de mon esprit, de promouvoir notre culture et notre savoir, de protéger les faibles et d'accueillir les âmes en peine. Et parce que nous sommes aujourd'hui grands, nous pouvons en France être généreux*, ouverts* et agir* sur un monde qui bouge et évolue sans cesse.
Et même, si je garde un oeil ouvert sur les évolutions curieuses de notre douce France, oui, je suis français, aujourd'hui, et cette idée ne me déplaît pas.
*: Peut mieux faire !
Corto74, lecteur de Slate.fr. Pour lui, il existe aussi, par ailleurs, des raisons d'avoir parfois honte de son identité française. Vous pouvez les lire sur son blog.
Image de une: Naturistes dans le sud-Ouest de la France, à Montalivet. Reuters/Regis Duvignau
Si vous avez aimé cette contribution, vous pouvez lire celle de Tzvetan Todorov «Identité nationale: refuser ce débat»; ou toutes les autres contributions, de lecteurs et chroniqueurs.