France

Non à la suppression de l'histoire-géo en terminale S

Temps de lecture : 2 min

Nous vous en avions parlé il y a quinze jours. Quasiment passée inaperçue sans le lancement d'une pétition sur l'Atelier des Icônes, l'idée de supprimer l'histoire-géographie en terminale scientifique — elle ne serait plus obligatoire mais seulement optionnelle — a fait réagir samedi dans le JDD la plupart des historiens français connus:

Jean-Pierre Azéma, Jean-Jacques Becker, Serge Berstein, Jean-Noël Jeanneney, André Kaspi, Jacques Le Goff, Pierre Milza, Michelle Perrot, Antoine Prost, Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli, Benjamin Stora, Jean Tulard, Annette Wieviorka, Michel Winock, très remontés, estiment que cette décision ne «peut que susciter la stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la formation des jeunes Français au début du XXIe siècle».

Selon eux, cette volonté est «inspirée par un utilitarisme à courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs proclamés du système éducatif français sur le plan de la formation intellectuelle, de l'adaptation au monde contemporain et de la réflexion civique des futurs citoyens».

Avec le projet de Chatel, l'histoire et la géographie ne disparaîtraient pas du baccalauréat. Les épreuves seront «anticipées», c'est-à-dire que les élèves les passeront en fin de première. Mais dans ce cas, il est peu probable que les lycéens de la filière scientifique choisiront de les repasser de façon optionnelle en terminale. Cela risque donc d'entraîner la disparition d'une année complète d'enseignement de ces matières pour les élèves de S.

«A l'heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques n'auraient donc nul besoin de se situer dans le monde d'aujourd'hui par l'étude de son processus d'élaboration au cours des dernières décennies, pas plus que par l'analyse de sa diversité et des problèmes qui se posent à la planète et à son devenir. En outre, ils se trouveront dans l'impossibilité d'accéder à certaines formations supérieures de haut niveau pour lesquelles la connaissance de l'histoire et celle de la géographie sont indispensables et vers lesquelles ils se dirigent en nombre croissant», poursuivent les historiens signataires, rejoints ce dimanche par de nombreux députés de l'opposition - et un député Nouveau centre) et artistes (Abd Al Malik, Pierre Arditi, Martine Aubry, Jérôme Clément, Boris Cyrulnik, Philippe Delerm, Cécile Duflot, Laurent Fabius, Jack Lang, Maurice Leroy, Pierre Moscovici Vincent Peillon, Ségolène Royal, Marielle de Sarnez, Manuel Valls...).

Comme l'économiste Jacques Sapir l'avait relayé dans le texte explicatif de la première pétition, les historiens insistent sur l'incohérence de cette décision en plein débat sur l'identité nationale: «Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent urgent de lancer un grand débat sur l'identité nationale qui doit mobiliser le pays, cette mesure va priver une partie de la jeunesse française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires.»

[Lire le texte et la liste des signataires sur le site du JDD]

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