L’éducation à la parentalité est un enjeu aussi fondamental que l’apprentissage d’un métier. Pourquoi ne pas en parler au collège et au lycée? Il existe une éducation à la sexualité dans les programmes du secondaire mais il n’existe rien sur une éducation à la vie de couple, ni même sur une éducation à la parentalité. Ces questions sont pourtant liées et comportent des enjeux similaires en terme de respect de l’autre, de discrimination et de prévention des violences. Voici quatre arguments pour accompagner le changement.
Argument 1: la parentalité est aujourd’hui abordée au moment même où l’adulte devient parent. Les dispositifs généraux et traditionnels (suivi de grossesse, protection maternelle et infantile…) tout comme les dispositifs plus récents (des «maisons vertes» au lieux d’accueil enfants-parents) accompagnent les parents tout au long de leur parcours de parent.
Or, la parentalité est un processus qui s’enclenche beaucoup plus tôt à travers l’expression du désir de le devenir et même depuis l’enfance, dès lors que ce dernier peut se projeter comme tel à l’avenir. La «parentalité» se construit déjà au contact de ses propres parents, de sa place d’enfant. Loin d’être un instinct, la paternité et la maternité s’inscrit culturellement, socialement et psychiquement. Elles résultent d’un travail de socialisation, d’identification et de réflexivité à la fois.
Les discussions entre pairs animées par des professionnels avec des supports adaptés permettraient de co-construire une représentation plus juste de la vie de couple et des fonctions parentales.
Argument 2: l’école est considérée comme un lieu d’apprentissage pour préparer son avenir mais elle se limite principalement à une visée professionnelle. Seules les questions considérées comme relevant de la santé sont éventuellement intégréesx au programmes scolaires ou font l’objet de dispositifs particuliers de prévention.
Une éducation à la vie conjugale et une éducation à la parentalité, même si elles sont généralement plus lointaines dans la trajectoire du jeune, poursuivraient des objectifs similaires sur le développement d’une culture de l’égalité et une lutte contre les discriminations sexistes et homophobes.
Elle pourrait consister en une information, une réflexion et une prévention des risques en impliquant à la fois les garçons et les filles, qui construisent leurs représentations de l’amour conjugal et parental à partir de leur(s) expérience(s) et à travers les écrans.
Argument 3: on constate des difficultés qui peuvent apparaître tôt dans la vie conjugale (orientation, séparation, emprise, crises, violences …) et également des comportements parentaux inadaptés en direction de leurs enfants. Les jeunes vivant encore sous la dépendance de leurs parents, parfois unis, séparés, parfois en situation de recomposition, parfois en contexte homoparental pourraient aussi trouver ici un espace pour réfléchir collectivement à leur manière d’envisager eux mêmes leur vie future de parents dans le contexte adolescent.
Argument 4: la parentalité est très majoritairement abordée sous l’angle privilégié de la maternité. Plus l’enfant est en bas âge, moins les pères sont impliqués. Les professionnels de ce champ sont plus souvent des femmes qui s’adressent à des femmes. Parler de parentalité en éducation au collège, au lycée ou dans les CFA permettrait aussi à des garçons d’y réfléchir et de s’y impliquer.
Les inégalités observées concernant l’orientation professionnelle et les différences de salaire entre les sexes tiennent en partie à ce que les femmes cherchent à concilier vie professionnelle et vie familiale alors que les hommes sont davantage «carriéristes» et donnent la priorité à leur vie professionnelle. Permettre à l’ensemble des femmes de s’investir professionnellement suppose que les hommes fassent leur part dans la vie domestique et vis à vis des enfants.
L’éducation à la parentalité poursuit les objectifs d’égalité entre les sexes dans les différents domaines de la vie (familiale, professionnelle, de loisirs) et profite secondairement aux jeunes filles et aux jeunes garçons dans la transmission des modèles. Les générations futures pourront d’autant mieux tendre vers ces principes d’égalité que leurs parents et que la société en général auront appliqués eux même ces principes. L’éducation est la clé des transformations de la société.