Les «digital natives» n'ont pas forcément envie d'une vie tout numérique. Une nouvelle étude menée par des chercheurs australiens sur des élèves du CM1 à la sixième, et rapportée par ses auteurs sur The Conversation, indique que les enfants ayant régulièrement accès à des appareils électroniques (sans faire cependant la différence entre les tablettes, les smartphones et les liseuses) n'ont pas tendance à les utiliser pour lire, et ce même s'ils sont déjà des lecteurs réguliers.
«L'étude a également découvert que plus un enfant a accès à des appareils électroniques, moins il lit. Cela suggère que fournir des appareils de lecture électronique aux enfants peut en réalité réfréner leur lecture plus généralement, et que les livres papier sont encore souvent préférés par les plus jeunes.»
Les résultats de cette étude vont par ailleurs dans le sens d'autres menées jusque-là sur les adolescents, soulignent les auteurs, qui rappellent que le mythe qui voudrait que les plus jeunes préfèrent lire sur des écrans n'a jamais été corroboré. En 2014, un sondage Nielsen relayé par le Guardian indiquait que seuls 20% des adolescents achetaient des livres électroniques, mais n'en précisait pas les raisons.
The Conversation avance notamment deux arguments: l'alphabétisme informatique, c'est-à-dire la capacité à utiliser un appareil électronique qui n'est pas naturel chez tout le monde, d'autant qu'il faut parfois lancer des programmes ou des applications pour lire un livre électronique. Le deuxième ne concerne pas vraiment les liseuses, mais les chercheurs écrivent que «lire sur des appareils via une application laisse plus de place à la distraction, en permettant à l'utilisateur de passer d'une application à une autre».
«Pour des élèves qui ont déjà du mal à rester attentifs, la possibilité immédiate de jouer à un jeu peut facilement battre les bénéfices à long-terme de la lecture.»
En février 2016, la BBC avait rencontré des élèves dans une école où les livres électroniques (dans le cadre d'un programme mené sur 40 écoles et 800 élèves) sont de plus en plus présents, et avait recueilli leurs impressions variées. Au final, le constat était un peu différent de l'étude des chercheurs australiens. Dans ce cas-ci, les garçons répondaient mieux aux livres électroniques que les filles, et les plus petits lecteurs avaient fait de grands progrès. Si l'adaptabilité et la possibilité de trouver de nouveaux livres que l'on peut trouver facilement en lignes en convainquaient certains des bénéfices des livres électroniques, reste que pour d'autres, «rien ne peut remplacer la sensation d'avoir un vrai livre entre les mains».