«Trolls», «Haters», reste-t-il quelque chose à écrire sur les commentateurs haineux qui pullulent sur le web et leurs auteurs? Manifestement, oui. Un documentariste norvégien, Kyrre Lien, a réalisé un documentaire, résultat de trois années d'enquête lors desquelles il a voyagé en Russie, aux États-Unis, au Liban, en Norvège, pour filmer les «haters» dans leur vie quotidienne et leur intimité. Ces «guerriers d’internet», titre du documentaire mis en ligne sur le site du Guardian, sont-ils plus esseulés que nuisibles? C’est la question que pose le réalisateur, qui explique qu’il a été frappé par leur solitude.
Le «casting» se veut représentatif de la diversité démographique des internautes en colère: un misogyne, un suprémaciste blanc, une femme qui insulte les stars, un homme qui hait les États-Unis, un autre les immigrés, etc. En confrontant les âges, les sexes, les aires géographiques, les obsessions, le réalisateur amène le spectateur à se poser des questions à propos desquelles il est difficile de trancher de façon binaire: au-delà de la pure haine, des menaces, du racisme, du harcèlement, des incitations à la violence, certains commentateurs déploient une vision politique extrême et polarisante, ce qui fait se demander si une définition universaliste et consensuelle des «haters» et de leurs cibles est envisageable. Un débat sur les frontières entre liberté d'expression, incitation à la haine et incompréhensions mutuelles qu'on ne connaît que trop bien. Les interviews du réalisateur peuvent être visionnées (en anglais uniquement) sur son site.