Le Téléthon 2009 n'a pas totalement répondu aux espoirs de ses organisateurs. Le compteur du Téléthon a affiché un résultat en baisse de près de 5 millions d'euros par rapport à l'année dernière: 90.107.555 euros de promesses de dons, près de cinq millions de moins qu'en 2008 (95.200.125 euros). Est-ce l'effet Bergé ou l'effet de la crise? Comme Solène Cordier le rappelait vendredi dans l'article que nous republions dimanche, 38% des Français envisageaient de donner moins en 2009 qu'en 2008.
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Les propos de Pierre Bergé sur le Téléthon (dont l'édition 2009 débute ce vendredi) n'ont pas eu pour seul effet de susciter une vague d'indignations. En accusant l'Association française contre les myopathies (AFM) de «cannibaliser la générosité des Français», l'homme d'affaires a mis le doigt sur un enjeu de taille: la concurrence entre les associations pour récolter des dons.
Pour le secteur caritatif, les derniers mois de l'année constituent en effet une période clé. C'est le moment où les Français mettent la main à la poche: environ 40% des dons sont versés pendant les trois derniers mois de l'année. Est-ce l'approche de Noël? Pas seulement. Car décembre rime également avec impôts, et les déductions fiscales que permettent les dons jouent un rôle non négligeable dans la «générosité des Français». L'effet précis de la polémique sur les dons sera difficile à appréhender: le volume total de la générosité des Français n'existe pas, pas plus que le nombre de donateurs.
Selon Jacques Malet, président de Recherches et Solidarités, 25% des Français sont des donateurs occasionnels ou réguliers. 1 sur 4 donc. «En excluant les Français trop fragiles qui ne peuvent pas donner, on estime que la proportion pourrait monter à 2 Français donateurs sur 4», affirme-t-il. Ses chiffres paraissent audacieux au regard des seules données précises dont on dispose pour mesurer la générosité des Français: les dons déclarés sur les fiches d'impôt. Selon les déclarations de revenus de 2008, 5,3 millions de foyers fiscaux ont déclaré des dons. Soit 8% des 62 millions d'habitants.
Toujours selon les documents de Bercy, le montant moyen des dons par foyer fiscal s'élève à 280 euros en moyenne. En 2006, il était de 305 euros. Si on prend en compte les foyers fiscaux déclarant des dons, on aboutit à la somme de 1,7 milliard d'euros de dons. Le compte n'y est pas. En s'appuyant sur les comptes d'emploi 2007 des 67 adhérents de France générosités, un syndicat créé par les organismes caritatifs, le journaliste Marc Reidiboym, auteur d'une enquête intitulée «Donateurs, si vous saviez», a mesuré que le Top 20 de la générosité (Fondation de France, AFM, Secours catholique, etc) a recueilli à lui seul 1,15 milliard d'euros.
Reste donc les estimations: entre 2 (le chiffre le plus réaliste) et 3 milliards d'euros généreusement évalués - en 2007 - par l'étude de Recherches et Solidarités. Mauvaise nouvelle en 2009; crise oblige, 38% des donateurs envisagent de donner moins. Un début de réponse, sur ce point au moins, samedi, en direct à la télévision.
Solène Cordier
Image de une: Téléthon 2008. Benoît Tessier / Reuters