Le fracas des voitures, le chaos des foules, les bruits de pas pressés… La ville semble aujourd’hui être devenue un vortex aussi fascinant qu’harassant. Pourtant, si nous avons l’impression qu’il s’agit là d’une particularité de notre époque, Paris était tout aussi bruyante au XVIIIe siècle. C’est ce qu’affirme l’historienne Carolyn Purnell, qui vient de sortir le livre The Sensational Past et a été interviewée par Citylab.
D’un point de vue architectural, la ville ne ressemble en rien à celle que nous connaissons en 2017. Haussmann, qui s’est vu confier ses travaux en 1853, n’est pas encore passé par là, et les rues sont sombres et étroites, tandis que des buildings surplombent l’ensemble de la cité.
Le chaos urbain
Au sol, des artisans frappent sur leurs enclumes à grands coups de marteaux, les marchands hurlent pour faire la promotion de leurs produits, et les roues des voitures cahotent sur des pavés inégaux. Surtout dans le quartier des Halles, qui est déjà à l'époque, avec son marché, le cœur de la capitale. Purnell affirme:
«Les deux observations principales sur lesquelles je suis tombée se divisaient en deux catégories: des plaintes quant aux bruits urbains, et des réactions enthousiastes face aux nouvelles denrées.»
La création des cafés
Le XVIIIe siècle est effectivement l’apogée du commerce triangulaire. La population découvre alors une large quantité de nouvelles saveurs importées des autres continents: chocolat chaud, tabac, café, thé… Chacun de ces aliments a, comme l’affirme Purnell, une signification:
«En se fondant sur la théorie médicale de cette époque, le corps et l’esprit étaient intimement liés, et chaque expérience sensorielle avait le pouvoir de changer directement le tempérament d’une personne, ses habitudes et ses désirs.»
Autant de choses qui mènent à la création d’espaces dédiés à la consommation de ces aliments. On les appelle tout simplement des cafés, et ces derniers sont réservés à une clientèle privilégiée. Pour les autres, ils peuvent toujours acheter les mêmes produits sur les marchés, en faisant attention aux arnaques. Une chose qui a son importance, puisque les gens sont obligés de toucher les produits, ou de discuter entre eux pour faire la différence entre ce qui est bon ou pas:
«La ville requérait des interactions sociales, du toucher, et une attention aux moindres détails.»
Purnell conclut en affirmant que nous serions un peu perdus dans le Paris du XVIIIe, mais que les enjeux urbains de l’époque restent, au fond, les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Soit, d’après l’auteure:
«Comment construire une communauté au milieu d’une population immense? Comment vivre aussi confortablement que possible? Comment faire la balance entre vie privée et vie publique? Comment se divertir? Comment trouver sa voie dans la foule? Comment s’y retrouver entre le chaos et l’ordre de la vie urbaine; celle-ci pouvant être, finalement, aussi inspirante que frustrante?»