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Pour un élu Républicain, iPhone ou assurance maladie, les Américains pauvres devront choisir

Temps de lecture : 2 min

Le projet de réforme santé de Trump est désavantageux pour les revenus modestes, mais Jason Chaffetz a une solution: les pauvres n'auront qu'à arrêter de s'acheter des iPhones.

Le représentant d'Utah Jason Chaffetz au Congrès à Washington le 21 septembre 2016. CHIP SOMODEVILLA/AFP.
Le représentant d'Utah Jason Chaffetz au Congrès à Washington le 21 septembre 2016. CHIP SOMODEVILLA/AFP.

Pour remplacer Obamacare, la réforme de santé mise en place par Barack Obama, les Républicains viennent de dévoiler un projet qui exacerbe les inégalités entre Américains. En effet, les impôts qui permettaient de financer une assurance maladie abordable pour les revenus modestes seraient éliminés, mais par contre, le projet prévoit une réduction d'impôts pour les PDG d'entreprises d'assurance santé (dont certains gagnent plus de dix millions de dollars par an).

Donald Trump a régulièrement promis qu'aucun Américain ne perdrait son assurance maladie lorsqu'Obamacare sera remplacé, mais sans les impôts qui permettent de subventionner l'achat d'assurance, de nombreuses familles aux revenus modestes se retrouveraient dans l'impossibilité de payer.

Comme le rappelait la journaliste Alisyn Camerota sur CNN, pour les Américains pauvres, avoir théoriquement «accès» à une assurance ne veut pas dire qu'ils pourront réellement se payer ces soins.

«Prendre des décisions réfléchies»

L'élu Républicain Jason Chaffetz, qui dirige le comité de surveillance du Congrès, avait une réponse simple à ce problème:

«Les Américains ont des choix et ils doivent choisir. Et donc peut être que plutôt de s'acheter ce nouvel iPhone qu'ils adorent et qui coûte plusieurs centaines de dollars, peut être qu'ils devraient investir dans leur assurance maladie.»

Beaucoup lui ont vite fait remarquer qu'un iPhone à environ 700 dollars était loin d'être suffisant pour financer l'achat d'une assurance (au moins plusieurs centaines de dollars par mois), encore moins de soins médicaux sans assurance (une simple consultation avec un spécialiste peut coûter environ 500 dollars).

Chaffetz a tenté de réexpliquer sa position un peu plus tard sur Fox News:

«Peut-être que je ne l'ai pas expliqué en douceur mais les gens doivent prendre des décisions réfléchies et je crois en l'autonomie.»

La pauvreté comme choix

Dans le Washington Post, Philip Bump explique que cette rhétorique est typique chez les conservateurs américains: faire passer la pauvreté pour un choix, défendre l'idée que si les pauvres ont des problèmes, c'est parce qu'ils prennent de mauvaises décisions. À partir de là, il devient plus facile de défendre des réformes qui diminuent les aides envers les pauvres (et allègent les impôts pour les riches).

Dans les mois à venir, le projet de réforme devra être approuvé par le Congrès et il est possible que certains Républicains votent contre s'il s'avère que trop de personnes perdent leur assurance.

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