Monde

Stephen Bannon et Marine Le Pen aiment le même roman décrivant une «apocalypse migratoire»

Temps de lecture : 2 min

«Le Camp des Saints», écrit par Jean Raspail en 1973, est un livre de référence pour l’extrême-droite française.

Montage Slate.fr. Photos via DON EMMERT / AFP et JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Montage Slate.fr. Photos via DON EMMERT / AFP et JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Depuis son arrivée en tant que stratège aux côtés de Donald Trump, Stephen Bannon, ancien président de Breitbart News, a intrigué de nombreux journalistes, déterminés à mieux comprendre son idéologie. Début février par exemple, Slate.fr racontait comment cet homme de l’ombre vouait un culte à The Fourth Turning, essai vieux de vingt ans affirmant que les Etats-Unis connaissent un renouvellement sociétal profond après une crise sanglante.

Aujourd’hui, le Huffington Post nous explique qu’un autre livre très particulier passionne Stephen Bannon, un roman français. Régulièrement, depuis octobre 2015, il cite dans les médias et sur Breitbart Le Camp des Saints, un obscur roman sur l’immigration écrit par Jean Raspail en 1973. On y lit le récit de l’arrivée en France de migrants originaires du sous-continent indien. Dans un Sud désormais abandonné par les «Français de souche», quelques résistants tentent de lutter à la fois contre ces nouveaux arrivants et contre un gouvernement «multiracial». Le Camp des Saints raconte, selon son auteur, «L’incompatibilité des races lorsqu’elles se partagent un même milieu ambiant». «Nous mourrons lentement rongés de l’intérieur par des millions de microbes introduits dans notre corps», peut-on encore lire dans l’une des pages de ce roman. «Aujourd'hui, Le Camp des Saints pourrait être poursuivi en justice pour 87 motifs», avouait même Jean Raspail en 2011 au Figaro, lors d’une la réédition.

«C’est extrêmement raciste, a expliqué au Huffington Post Linda Chavez, qui a travaillé pour différents présidents républicains et avait critiqué l’ouvrage il y a quarante de cela. Et avoir le conseiller du président en faire l’une de ses pierres angulaires, je pense, en dit beaucoup sur son attitude.» Effectivement, l’on sait que l’immigration est l’une des obsessions de Bannon qui, par exemple, expliquait en janvier 2016, qu’il y avait une «invasion» migratoire. Un sujet qu'il plaçait au cœur de son site Breitbart.

Marine Le Pen affiche fièrement ce roman

Ce qui est très intéressant, c’est qu’une autre figure politique d’envergure, française cette fois, ne cache pas sa passion pour le roman: Marine Le Pen. En 2015, Dominique Albertini, de Libération, évoquait ainsi les conseils de lecture de la présidente et en particulier ce roman décrivant une «apocalypse migratoire».

Un livre que la candidate à l’élection présidentielle affichait fièrement dans son bureau lors d’une interview dans le 20 heures de France 2 en 2013 déjà. «Son exemplaire, offert “par un ami” et dédicacé par l’auteur, est une édition originale de 1973, écrivait Libération il y a deux ans. La présidente frontiste l’a lu pour la première fois à 18 ans, et de nouveau “il y a deux ou trois ans”. Aujourd’hui encore, elle encense ce roman “visionnaire”.»

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