Pendant sa campagne et les premières semaines de sa présidence, Donald Trump a constamment présenté les immigrés sans-papiers comme de terribles menaces que seul lui allait neutraliser avec un mur frontalier et des expulsions massives.
Près de 80% des électeurs de Trump sondés en novembre dernier déclaraient que l'immigration illégale était un très gros problème. Mais sur le terrain, la réalité est parfois plus compliquée, comme le montre l'histoire de Juan Carlos Hernandez Pacheco, un immigré illégal qui gère un restaurant mexicain à West Frankfort dans l'Illinois.
Cette ville minière a voté Trump à 70%, notamment suite à ses promesses de ressusciter l'industrie du charbon dans la région, et comme l'explique la journaliste du New York Times Monica Davey, la majorité des résidents soutiennent les promesses d'expulsions massives de Trump. Sauf pour Juan Carlos Hernandez Pacheco, un Mexicain sans-papier qui vit aux États-Unis depuis vingt ans, et qui est très populaire dans cette petite ville conservatrice.
Arrêté il y a dix ans pour conduite en état d'ivresse
Depuis qu'il a été arrêté par la police de l'immigration et des douanes (ICE) le 9 février, plusieurs résidents de West Frankfort (8.000 habitants) ont écrit des lettres demandant aux juges de ne pas l'expulser. Le chef des pompiers de la ville se rappelle que quand son équipe a fait face à un gros incendie, Hernandez Pacheco est arrivé avec une tente, des tables et de la nourriture pour tous. Le maire l'a décrit comme un «atout» pour la ville et la propriétaire d'un salon de coiffure a expliqué: «je crois qu'il a fait plus pour les gens d'ici que l'inverse».
Hernandez Pacheco est actuellement détenu dans le Missouri. Ayant été deux fois arrêté pour conduite en état d'ébriété il y a une dizaine d'années, il est considéré comme prioritaire en matière d'expulsion. Fin janvier, le président Trump a signé des décrets exécutifs sur l'immigration, dont un qui élargissait le nombre de personnes ciblées par les autorités: les sans-papiers n'ayant pas commis de crimes violents seraient aussi considérés comme prioritaires, alors que ce n'était pas le cas sous Obama.
Interviewé par CNN, l'avocat d'Hernandez Pacheco a expliqué:
«Ce gouvernement a élargi la cible, y compris pour les gens arrêtés pour conduite en état d'ébriéte, et ils ont dit à la police de l'immigration: "si vous cherchez quelqu'un et que vous trouvez aussi un sans-papier, vous pouvez l'arrêter".»
Les médias américains ont depuis révélé que Trump était peut-être en train de changer d'avis sur le sujet (c'est ce qu'aurait dit le président dans une interview en off) et qu'il pourrait au final revenir à une approche similaire à celle d'Obama.