France

Et là, tout d'un coup, Marine Le Pen ne soutient plus le travail de la police

Temps de lecture : 2 min

En refusant d'être entendue par la police, la candidate du Front national contredit des années de discours pro-policiers.

Marine Le Pen à Paris, le 23 février. BERTRAND GUAY / AFP
Marine Le Pen à Paris, le 23 février. BERTRAND GUAY / AFP

Non. Marine Le Pen n'ira pas répondre aux questions de la police judiciaire, dans le cadre d'une audition libre, à propos de l'affaire des assistants parlementaires du Front National au Parlement européen. Cette décision fait suite à la mise en examen de Catherine Griset, sa cheffe de cabinet, pour recel d'abus de confiance. Au Monde, l'avocat de la candidate à la présidentielle, Me Rodolphe Bosselut, a expliqué que sa cliente a refusé de se justifier, et qu'elle ne répondrait à aucune convocation avant les élections législatives de juin prochain.

Ce choix a bien entendu fait grincer des dents sur internet. La journaliste de Mediapart Ellen Salvi a par exemple relevé plusieurs antécédents dans le refus de collaborer avec la police de la candidate du FN.

Lors d'une perquisition en mai 2016, toujours à propos de l'affaire des assistants au Parlement européen, elle avait refusé de donner son téléphone à la police... et l'avait caché dans son soutien-gorge. Octobre 2015, elle avait refusé de se rendre chez le juge pour parler du micro-parti Jeanne. Refus renouvelé quelques jours plus tard...

Comme l'a relevé l'enseignant-chercheur et co-animateur d'Acrimed Julien Salingue, cette nouvelle décision de la patronne du FN sonne faux quand on la replace dans son discours politique à l'égard des policiers. «Par principe je soutiens la police, déclarait-elle encore le 12 février dernier sur Europe 1 à propos des débordements, en marge d'une manifestation en soutien à Théo, à Bobigny. Il est grave que des responsables politiques jettent l'opprobre sur nos forces de l'ordre.»

Le paradoxe est encore plus flagrant quand on remonte le fil Twitter de la candidate et qu'on prête attention à ses propos sur la police. Depuis 2012 et sa dernière campagne présidentielle, elle n'a prétendument jamais cessé de les soutenir. Que ce soit lors des mesures concernant les agents de Seine-Saint-Denis en avril 2012, lors des manifestations dénonçant leurs conditions de travail en novembre 2013, ou face à Charlie Hebdo, quelques jours après les attentats de janvier 2015. Petite exception, néanmoins.

Toutes ces années, Marine Le Pen n'a cessé de dénoncer les suppressions de milliers de postes de policiers –qu'elle impute à Nicolas Sarkozy–, le manque de moyens. Elle remet régulièrement sur la table «la présomption de légitime défense», ce qui l'a poussé à défendre les forces de l'ordre dans le cadre de l'affaire Théo. Il y a quelques jours à peine, elle affirmait encore que «la moitié des gendarmes et des policiers souhaitent voter pour [sa] candidature à la présidentielle.»

Finalement, son soutien ne fléchit que lorsqu'elle est directement en prise avec la police: sur cette affaire d'abus de confiance donc. Ou précédement le 3 mai 2015: la candidate s'en été pris à la police qui n'avait envoyé personne pour «défendre» le Front National contre les Femen.

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