Life

La fin de la pub à France 2 est une escroquerie

Temps de lecture : 3 min

Lundi, je voulais regarder «Cold Case» sur France 2, une série policière américaine produite par Jerry Bruckheimer. Moi j'aime bien la télévision de service public, France 2, France 3... France Ô. C'est mieux que la télé privée. La preuve? «Les Experts», la série policière américaine produite par Jerry Bruckheimer n'arrive que le mardi sur TF1.

Je me cale donc devant ma télé à la fin du Journal de David Pujadas qui me souhaite une bonne soirée avec «Cold Case»... Merci David. Et là, quelle n'est pas ma surprise : une pub... Je croyais qu'il n'y avait plus de pub sur le service public après 20 heures?

Ah non, c'est pas une pub, c'est une émission de proximité «France 2 présente, avec Axa Santé, les gestes qui rassurent...» (Je m'étais laissé tromper par le gros logo Axa au début).

Ensuite: une autre pub... Ah non, c'est un communiqué pour le Grenelle de l'environnement : «Entrons dans le monde d'après». Bon, une pub pour consommer moins et trier ses déchets, pourquoi pas.

Et après? Une autre pub... Ah non, ce n'est pas une pub, c'est une annonce du tirage du Loto qui aura lieu à 22 H 10. J'imagine qu'en temps de crise, le Loto fait partie de la mission de service public de France Télévision. Et le Loto, et bien, il m'est offert par «Ada, location de voiture et d'utilitaire». Pourquoi le Loto a-il besoin d'être offert par un annonceur: ça ne rapporte pas assez le Loto? C'est de l'art, ça a besoin d'un mécène?

Passons... à une autre pub. Ah non, c'est une autre émission de proximité: «Le progrès en question avec les Magasins Gitem». Qui m'informe sur les réfrigérateurs du futur. En même temps, pour une enseigne d'électroménager, ça tombe plutôt bien.

Ensuite? Une autre pub. Ah non, c'est une bande-annonce pour un téléfilm diffusé la semaine prochaine: «Clara, une passion française». Un programme en partenariat avec... «1851», Legal le goût. Normal, ça coûte cher de produire des fictions françaises de qualité. Faut bien que le service public se fasse un peu aider pour les produire.

Et là, encore une pub, Darty cette fois... Ah non, ça non plus c'est pas de la pub. En fait, Darty m'offre la météo de Laurent Romechko (j'aurais préféré Tania Young, passons). Merci Darty. Et puis: Darty vous a offert la météo. Merci encore.

Après, c'est Carte Noir. Mais, là encore, ce n'est pas de la pub, c'est du sponsoring: «Cold Case avec les dosettes Carte noir.» Pourquoi pas. Ça coûte cher les séries américaines. Faut bien que le service public se fasse un peu aider pour les acheter.

Je me concentre, ça va (enfin) être ma série. Ah non. Il y a un deuxième sponsor: «Vibrez encore plus devant "Cold Case" sur France 2 avec le son des enceintes Bose». C'est bien ma veine, ma série n'a même pas commencé que je sais déjà faire partie de la catégorie de téléspectateurs qui vibrent moins que les autres. Celle qui écoute sa série sur les enceintes de son téléviseur comme au siècle dernier.

Dépité, au lieu de me concentrer sur les aventures de Lili Rush je pense à un article que j'ai lu il y a deux semaines. Il y a actuellement une polémique quant à la privatisation de la régie publicitaire de France Télévision. «A quoi ça sert de conserver une régie alors que, début 2012 et c'est gravé dans la loi, France Télévisions n'aura plus de pub du tout?» s'interrogeaient les journalistes Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts dans Libération. Ils se faisaient l'écho de l'émoi des personnels de France télévision face à ce projet de privatisation avant de poursuivre:

Sauf que le travail de la régie ne consiste pas qu'à vendre aux annonceurs des réclames sur France 2 et France 3. France Télévisions Publicité assure en effet la régie d'une quinzaine de chaînes thématiques (...) Et, concernant les antennes publiques, il lui restera, quoi qu'il arrive, les partenariats (le parrainage d'émissions ou les programmes courts sponsorisés), la publicité sur Internet (pour les sites de la télé publique mais aussi ceux de Radio France) ainsi que dans les tranches régionales de France 3.

A mon avis, ce n'est pas la peine de la privatiser cette régie, elle a déjà l'aire très efficace comme ça.

Je me souviens alors d'une nouvelle d'un auteur de science fiction américain. Philip K.Dick ou Robert Sheckley, je ne sais plus. On y payait une fortune pour passer quelques heures dans un caisson d'isolation publicitaire afin d'échapper enfin à toute réclame. C'est très exagéré. Ce n'est pas une douzaine de spots en une soirée qui vont me tourner la tête. Le lendemain, d'ailleurs, je me suis tranquillement préparé une tasse de Carte Noir (ou de 1851 Legal le goût, je ne sais plus). Et puis je suis parti chez Darty pour écouter le son des enceintes Bose. Je n'avais pas assez vibré pendant «Cold Case»...

Jacques Braunstein

Image de une: CC Flickr michael clarke stuff

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