Pendant sa campagne, Donald Trump a constamment accusé Barack Obama et Hillary Clinton de ne pas assez parler d'«islamisme radical», et répété que cette réticence à dire ces mots empêchait l'Amérique de lutter contre le terrorisme.
Afin de tenir sa promesse, le président va transformer un programme de «riposte contre l'extrémisme violent» en initiative de «riposte contre l'extrémisme islamiste radical», selon cinq sources qui ont parlé à l'agence Reuters.
Selon ces mêmes sources, le programme ne «viserait plus des groupes comme les nationalistes blancs qui sont aussi à l'origine de bombardements et de fusillades aux États-Unis.»
Le programme CVE, ou Countering Violent Extremism, a été mis en place en 2015 par l'administration Obama, et se concentre sur la prévention du terrorisme via des partenariats avec les communautés, des programmes éducatifs et des campagnes sur les médias sociaux. Si l'initiative visait plus particulièrement le terrorisme islamiste, la prévention de la violence d'extrême droite faisait aussi partie de sa mission.
Une démarche contre-productive?
Le programme est ainsi présenté sur le site du département de Sécurité Intérieure:
«Les menaces liées à l'extrémisme violent viennent d'une variété de groupes et d'individus, y compris des terroristes intérieurs et des extrémistes violents nés aux États-Unis, ainsi que des groupes terroristes internationaux comme al-Qaïda et l'État islamique.»
Or, quelques jours après l'assassinat de six musulmans par un jeune d'extrême droite à Québec, Reuters révèle que l'administration Trump veut limiter la lutte contre l'extrémisme à la lutte contre l'extrémisme islamiste.
«C'est inquiétant pour nous parce qu'ils visent un groupe religieux en particulier et le rendent suspect», a expliqué Hoda Hawa, une porte-parole du Muslim Public Affairs Council.
Des défenseurs du programme originel expliquent que le renommer ainsi pourrait rendre plus difficile la coopération du gouvernement avec les communautés musulmanes. D'autant plus que ces révélations arrivent quelques jours après un ordre exécutif interdisant du territoire les réfugiés syriens (sauf chrétiens), ainsi que les immigrés issus de sept pays à majorité musulmane.