«Manipulation grossière», «manœuvres qui puent la calomnie» imputées à des «officines»... Dans un entretien au Journal du dimanche du 29 janvier, François Fillon réagit avec virulence à l'affaire de l'emploi de son épouse par l'Assemblée nationale et par la Revue des deux mondes. Et ce alors que le même journal affirme par ailleurs qu'il a perçu 21.000 euros entre 2005 et 2007 en tant que sénateur au titre de reliquats de crédits d’assistants parlementaires, affaire qui touche plusieurs dizaines de sénateurs et fait actuellement l'objet d'une procédure judiciaire pour les faits postérieurs à 2009.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la défense de l'ancien Premier ministre n'a pas pleinement convaincu jusqu'ici, en France mais aussi à l'étranger. Le meilleur exemple est sans doute l'analyse au canon publiée par The Independent sous le titre «Il n'est pas surprenant que François Fillon n'ait pas interrompu sa campagne présidentielle –la fraude est une habitude dans la politique française». Se moquant de la «réalité alternative» créée par le candidat Les Républicains, le journal britannique écrit:
«La défense en direct à la télévision par François Fillon de la mystérieuse carrière professionnelle de son épouse Penelope a constitué un rappel utile du fait que Paris est le berceau du surréalisme. [...] La vérité est que ce genre de scandale est on ne peut plus normal en France, et une des raisons principales pour lesquelles la classe politique est si inefficace. L'aisance avec laquelle des représentants élus peuvent écarter d'un revers de main des accusations bien étayées selon lesquelles ils remplissent leurs poches avec de l'argent public est véritablement stupéfiante.»
Cette critique n'est pas isolée: l'agence Reuters écrit de son côté que «la dernière surprise de la campagne présidentielle française –des allégations selon lesquelles l'épouse du favori François Fillon a été payée pour un travail qu'elle n'a pas accompli– sont dans un sens trop familières». Le site The Local a lui opté pour l'humour, avec un article titré «Les dix jobs de rêve en France pour les expatriés (à part assistant parlementaire)».