Une vaste opération policière a été menée mardi 24 janvier 2017 à travers l'Allemagne, au cours de laquelle le domicile ou le lieu de travail d'une trentaine de citoyens allemands ont été perquisitionnés, rapporte cette semaine le quotidien Berliner Zeitung. Ceux-ci sont soupçonnés de s'être procurés des armes illégales via une boutique en ligne nommée «Migrantenschreck» (littéralement: «effrayer les migrants»).
Pour quelques centaines d'euros, on peut y faire l'acquisition de répliques de fusils d'assaut de type kalachnikov ou d'armes de poing portant le même nom. Et ce «sans obstacles administratifs» et «sans paperasse», comme il est indiqué sur ce site germanophone actif depuis début 2016 et domicilié en Russie. Le stock d'armes se trouve lui visiblement en Hongrie, où la vente de ces armes est légale. D'après l'hebdomadaire Die Zeit, le propriétaire de la boutique serait un certain Mario Rönsch, un citoyen allemand bien connu des autorités pour avoir, entre autres, organisé des manifestations de Pegida à Erfurt, une petite ville de l'est de l'Allemagne, et animé une page Facebook xénophobe et islamophobe.
«Jusqu'au cœur de la société»
Sur le site de la boutique, on trouve d'ailleurs un recueil de faits divers dans lesquels des réfugiés seraient impliqués. «Si vous ne voulez pas que votre ville devienne un terrain de jeu à l'abri des lois pour les demandeurs d'asile, si vous voulez protéger votre femme et que le centre-ville reste accessible, alors agissez dès maintenant!», peut-on lire dans le descriptif qui accompagne un pistolet.
Bien que ces armes soient des répliques et que les munitions soient en caoutchouc, celles-ci peuvent blesser voire tuer, précise Die Zeit, qui met en ligne une carte des villes allemandes dans lesquelles les armes vendues par la boutique. L'hebdomadaire s'est procuré il y a quelques mois un fichier clients du site, parmi lesquels se trouvaient 198 clients allemands. L'analyse des données laisse à penser que «le marché de la panique s'étend désormais de l'extrême droite jusqu'au cœur de la société allemande», écrivait Die Zeit en décembre 2016:
«Il semblerait que des médecins, des responsables politiques locaux, des chefs d'entreprise, des éducateurs, des informaticiens et des éleveurs de poissons d'aquarium s'imaginent désormais qu'ils doivent avoir une arme pour se défendre face aux étrangers. Si la société allemande s'est vraiment radicalisée depuis que les réfugiés ont commencé à arriver, ce fichier clients en est la preuve.»