Un ancien dirigeant d'Eternit, un grand fabricant de matériaux en amiante français, a été mis en examen mardi 24 novembre pour «homicides et blessures involontaires» dans l'enquête sur le décès d'une vingtaine de salariés. «Les victimes de l'amiante voient dans le traitement de ce scandale par la justice un "tournant"» explique Le Monde.
Joseph Cuvelier, directeur général puis président du directoire d'Eternit entre 1972 et 1994, est notamment poursuivi pour l'absence de mesures de sécurité pour protéger ses salariés de l'exposition aux fibres d'amiante dans cinq usines du groupe.
L'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) souligne que le groupe a déjà été condamné plusieurs fois au civil. Mais «jusque-là, seuls des dirigeants d'établissements avaient été mis en examen. Il s'agit d'un passage très spectaculaire à l'étage supérieur dans les responsabilités du groupe», a relevé l'avocat de l'association, Jean-Paul Tessonnière. Joseph Cuvelier «a été l'un des artisans de la stratégie de lobbying [...] visant à minimiser les dangers du matériau cancérigène et à retarder l'instauration de mesures réglementaires de protection de la santé», explique encore l'Andeva.
Les victimes espèrent la tenue d'un grand procès pénal, comme celui qui s'est ouvert en avril dernier en Italie contre les dirigeants d'Eternit.
La fibre d'amiante, «utilisée pour fabriquer des produits en fibrociment, mais aussi pour isoler les bâtiments, et dont l'utilisation n'a été interdite en France qu'en 1997, cause chaque année la mort de trois mille à cinq mille personnes, victimes de cancers de la plèvre ou du poumon» note Le Point.
Un rapport de l'Assemblée nationale présenté mercredi 18 novembre préconisait une réforme de la prise en charge des victimes de l'amiante afin de la rendre plus juste et plus efficace. La mission d'information de l'Assemblée demande notamment la mise en place d'un suivi médical généralisé pour l'ensemble des salariés exposés «à des substances cancérogènes, mutagènes et toxiques» sur la base de données obligatoirement transmises par les employeurs.
[Lire l'article complet sur lemonde.fr]
Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Envoyez-le à infos @ slate.fr
Image de Une: Lincolnian (Brian), Flickr, CC