En 2015, l’affaire Belle Gibson éclatait. La jeune femme, après avoir fait paraître un livre racontant qu’elle avait traité son cancer grâce à une alimentation soignée, avouait avoir tout inventé. Les études sur les liens entre la maladie et les régimes préventifs ou destinés à soigner ont donc afflué, et deux instituts se sont particulièrement penchés sur la question en publiant des ouvrages. L’un se concentre sur les patients qui perdent du poids (l’Université de Cork), l’autre se fixe sur ceux qui ont du mal à avaler (le Breakthrough Cancer Research). Le sujet est d'autant plus sensible que pour l’oncologue Ruth Kilcawley, les mauvaises informations données aux malades proviennent souvent, et malheureusement, de gens bien intentionnés. Fiona Roulston, elle, évoque internet:
«Si vous entrez “nutrition et cancer” dans Google, vous obtiendrez environ 123 millions de résultats. Avec autant d’informations contradictoires, les patients deviennent accablés et confus, dans une période qui est déjà très stressante.»
Le véganisme n’est pas une solution
Ainsi, quelques études ont, par exemple, montré qu’il pouvait exister une légère corrélation entre le cancer du colon et une trop grande consommation de viande rouge. Sans que la causalité soit clairement démontrée. Si la plupart de médecins pointent du doigt le manque de données qui existent sur le cas du véganisme, des études sont déjà sorties sur certains régimes associés. Dans des cas peu avancés de cancer de la prostate, des chercheurs concluaient qu’un régime végan provoquait une déficience de vitamine D; tandis que d'autres assuraient qu’un tel régime se soldait par un niveau de calcium inférieur aux conseils nutritifs. Roulston, de son coté, affirme:
«Les restrictions alimentaires qui ne sont pas nécessaires ne sont pas recommandées pendant le traitement du cancer.»
Avant que Kilcawaley n’ajoute:
«Les conséquences négatives se remarquent surtout par une perte de muscles accélérée. Ce qui rend le patient moins apte à supporter un traitement.»
Quid du sucre?
Concernant le glucose, même si nous savons que la consommation de sucre à haute dose n’est évidemment pas bonne pour la santé, s’en priver n’empêche pas les cancers de se propager. Les rumeurs et les études abondent pourtant et ne cessent de se contredire. Tandis que le médecin australien Thomas Seyfried disait récemment que la diète cétogène pouvait «remplacer la chimiothérapie et les radios pour pratiquement tous les cancers», le docteur Timothy Loynihan, M.D., un spécialiste du cancer de la cinique de Mayo (Minnesota), affirmait:
«Le sucre ne fait pas grandir le cancer. Toutes les cellules, dont celles qui ont trait à la maladie, dépendent du glucose pour l’énergie. Mais donner plus de sucre aux cellules cancéreuses n’accélère pas leur croissance; leur enlever le sucre ne la ralentit pas non plus.»
Une autre étude menée aux Pays Bas a mené aux mêmes conclusions. Les scientifiques ont soumis des questionnaires ayant trait à l'alimenation à 120.852 personnes, qu’ils ont ensuite suivi pendant un peu plus de onze ans:
«Globalement, nos recherches ne supportent pas l’hypothèse selon laquelle un régime au fort taux de sucre est associé à un risque supérieur de cancer du colon.»
Concernant les suppléments nutritifs, qui sont souvent recommandés sur internet ou par le bouche à oreille, le Memorial Sloan Kettering Cancer Centre demande d’arrêter de prendre ces herbes. En effet, ces dernières pourraient interférer avec le traitement et les médicaments contre le cancer. L'institut a ainsi listé les effets dangereux qu'elles pouvaient avoir sur les malades. Attention donc à suivre les bonnes sources d'information.