Mercredi 11 janvier 2017 était un jour très particulier au Salvador. Pas d'élection à relever, pas de commémoration ou de célébration particulière, mais un chiffre: zéro. Ce jour-là, le pays du centre de l'Amérique n'a recensé aucun meurtre dû aux gangs. Le Guardian explique qu'Howard Cotto, commissaire de la police nationale, a pris la parole pour signaler cette statistique exceptionnelle et pour cause: la dernière fois que le pays a connu une telle journée, c'était le 22 janvier 2015.
«Les meurtres ont connu un pic de 104 pour 100.000 résidents en 2015, le plus haut taux pour n'importe quelle nation en guerre cette année, écrit le Guardian. Les homicides ont chuté de 20% l'année dernière, mais c'était encore l'un des pays les plus violents avec 81,2 meurtres pour 100.000 résidents.»
Reuters note de son côté que l'origine de cette vague de violence, «qui pousse des dizaines de milliers de personne à chercher refuge aux États-Unis, remonte à la guerre civile dans le pays, qui a fini en 1992.» Le renvoi de nombreux membres de gangs depuis les États-Unis a favorisé le phénomène.
Les «maras» ont commencé à apparaître au milieu des années 1990 au Salvador, mais aussi au Honduras. Pour de nombreuses personnes rejoignant leurs rangs, il s'agissait de fuir les problèmes économiques, mais également d'acquérir un statut et le respect des autres.
«Ces dernières années, la palme macabre passe successivement d’un pays à l’autre, expliquait Le Monde en octobre dernier dans un long reportage. Encore faudrait-il que les victimes et leurs tueurs soient identifiés. Moins d’un dixième des assassinats s’achèvent par un dossier d’enquête bouclé, et fort peu par une condamnation pénale.»
Avant janvier 2015, il faut remonter à 2013 et à 2012 pour trouver des jours sans que personne ne soit tuée. Depuis cinq ans, le Salvador n'a donc connu que cinq journées comme celle-ci, où les gangs n'ont pas fait de victime.